Se vouloir du bien et se faire du mal. Philosophie de la dispute
Une recension de Victorine de Oliveira, publié leMaxime Rovere a le chic pour s’emparer de problèmes insaisissables, bien qu’on les subisse régulièrement. Après les cons (Que faire des cons ? Pour ne pas en rester un soi-même, Flammarion, 2019), voici que le spécialiste et traducteur de Spinoza (lire la préface au cahier central) s’intéresse à la dispute. Pas celle, noble, qui consistait à discuter d’un problème philosophique entre messieurs à mine sérieuse et au français mâtiné de latin. Non. Plutôt celle, bien sale, qui, une fois les arguments montés en neige, se limite à déverser sur votre conjoint, votre mère, votre frère, votre collègue, toutes les eaux usées de votre psyché, alors que ce dernier n’en demandait pas tant – il ou elle l’a pourtant bien cherché, pensez-vous peut-être, et c’est aussi ce qui passionne Maxime Rovere. Pourquoi la tempête surgit-elle brusquement, quand tout n’était jusque-là que guimauve et gazouillis ? Pourquoi ce geste a priori anodin chez une personne qui nous est pourtant chère déclenche-t-il des foudres insoupçonnées ? Car la dispute concerne exclusivement « ceux qui s’aiment » et sont donc doués de bonne volonté l’un à l’égard de l’autre, remarque le philosophe – eh oui ! si vous vous disputez avec votre voisin d’open-space, c’est que, d’une certaine façon, vous tenez à lui (du moins à son opinion).
Ce qui intéresse Maxime Rovere n’est pas tant de départager celui qui a raison de celui qui a tort. Si vous espérez des conseils de sophrologie pour garder le sourire au moment où vos oreilles saignent sous les pires insanités, passez votre chemin ! L’auteur s’intéresse plutôt à la mécanique de la dispute comme on étudierait un système dynamique. Parce qu’elles nous font littéralement sortir de nos gonds, les disputes sont des interactions que l’on peut étudier indépendamment des agents qui les déclenchent, affirme-t-il. Et pour cela, il faut évacuer deux erreurs : la première consiste à croire que nous sommes libres de rétropédaler lorsque les hostilités sont enclenchées ; la seconde, que nous proférons nos imprécations avec des intentions maîtrisées et pleinement conscientes.
Maxime Rovere pense dans un cadre spinoziste : nous ne sommes libres que dans la mesure où nous connaissons toutes nos déterminations – ce qui est quasiment impossible – et nous qualifions de beau et de bon ce qui nous est agréable. L’étude des interactions houleuses lui permet d’avancer une définition personnelle de la liberté : puisque nous sommes pris dans un réseau d’interactions sans cesse mouvantes et changeantes, notre liberté « procède de l’extraordinaire disponibilité des interactions, et non de la variété des possibles ». Exercer notre liberté ne revient pas à choisir entre le chemin de gauche et celui de droite, mais plutôt à surfer sur une mer dont les courants dessinent des directions complexes. Cela suppose que nous ne soyons pas toujours maîtres du courant qui nous emporte, voire nous traverse, jusqu’à nous faire dire des choses que nous regrettons sitôt prononcées. La dispute nous révèle donc aussi bien hors de nous-mêmes que tels que nous sommes vraiment.
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