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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Antoine Grandjean. ©Serge Picard pour PM

Entretien

Antoine Grandjean : “Kant défend un rationalisme sans concession mais fragile, lucide sur ses possibilités et ses limites”

Antoine Grandjean, propos recueillis par Octave Larmagnac-Matheron publié le 06 février 2024 14 min

Que pouvons-nous savoir ? Cette question, pour Kant est la première de toutes : il faut lui apporter une réponse pour décider si, oui ou non, une connaissance des entités métaphysique – l’âme, le monde, Dieu – est possible. C’est tout l’enjeu de l’entreprise critique, explique le philosophe Antoine Grandjean.

 

À quel problème s’attaque Kant à travers son entreprise critique ?

Le problème auquel Kant fait face, c’est une tension entre deux constats. D’une part, le fait que la raison humaine est naturellement métaphysicienne, c’est-à-dire qu’elle désire obtenir un savoir intégral, absolu, inconditionné, complètement achevé, concernant ce qui est. Ce désir métaphysicien de la raison humaine n’est pas arbitraire, contingent : c’est une conséquence nécessaire de ce qu’est la raison. « La raison humaine a ce destin particulier, dans un genre de ses connaissances, qu’elle se trouve accablée de questions qu’elle ne peut écarter, car sa nature même les lui impose, mais auxquelles elle ne peut répondre, car elles dépassent tout son pouvoir », dit Kant. Mais, d’autre part, l’histoire de la philosophie témoigne de l’échec de ce désir. La métaphysique reste un « champ de bataille ». Il importe donc pour Kant de déterminer si un savoir tel que le désire la raison est possible. Il faut déterminer deux choses : à quelles conditions peut-on vraiment savoir (c’est la fameuse question des conditions de possibilité) ? Et ces conditions sont-elles remplies pour les objets dont s’occupe la métaphysique, ceux qui permettraient d’atteindre un savoir achevé, total (Dieu, l’âme, le monde, dans les termes de la métaphysique traditionnelle) ?

 

L’étude des conditions de possibilité, c’est ce que Kant nomme « transcendantal » ?

C’est un tout petit peu plus précis : le transcendantal est lié à la détermination des conditions de possibilité d’une connaissance a priori, c’est-à-dire indépendante de l’expérience, non fondée sur l’expérience. Si une métaphysique est possible comme science, il ne peut que s’agir d’une connaissance a priori, et cela pour deux raisons, dont l’une tient au statut de la connaissance en général et l’autre à la nature des objets d’une connaissance métaphysique en particulier. D’abord, seule la connaissance a priori peut-être absolument certaine, universelle et nécessaire ; la connaissance empirique, a posteriori, au contraire, dépend toujours de l’expérience contingente d’un objet particulier. Ensuite, les objets dont s’occupe la métaphysique ne peuvent de toute façon faire l’objet d’aucune expérience : nous n’avons pas d’expérience de l’âme, pas d’expérience du monde comme un tout, pas d’expérience de Dieu. Plus précisément encore, la scientificité de la métaphysique suppose que celle-ci puisse prendre la forme d’une connaissance synthétique a priori. Il y a, pour Kant, une première forme de connaissance a priori qui consiste seulement à expliciter ce que signifie et contient un concept donné. C’est la connaissance analytique, qui au fond n’ajoute rien mais ne fait qu’éclaircir. Au contraire, la connaissance synthétique est une connaissance par laquelle on accroît vraiment ce que l’on pense, une connaissance qui affirme quelque chose d’un objet qui n’est pas compris dans la pensée qu’on a de cet objet – qu’il s’agisse de déterminations qui lui -reviennent ou, plus radicalement encore, de son existence.

 

Mais comment une connaissance peut-elle être synthétique, ajouter quelque chose, si elle ne part pas d’une expérience ?

On voit assez bien ce que peut vouloir dire une connaissance synthétique a posteriori. Je fais l’expérience d’un objet, et cette expérience m’apprend quelque chose de lui, qui n’est pas inclus dans son concept : cette rose est rouge. Mais puis-je vraiment apprendre quelque chose de nouveau sans en passer par l’expérience ? Cela semble parfaitement contradictoire ! C’est pourtant ce que cherche inlassablement la métaphysique. Mais précisément : les avancées de la science montrent que ce qui peut sembler paradoxal n’est toutefois pas contradictoire. C’est un fait : nous sommes bien capables – en mathématiques ou en physique – de parvenir à des connaissances qui signifient un réel accroissement de notre savoir tout en prétendant à bon droit posséder une validité universelle et nécessaire. Voilà qui donne à penser que l’idée de connaissance synthétique a priori n’est contradictoire qu’en apparence. Il faut donc mener l’enquête pour savoir si ce qui rend possible la science peut s’appliquer aussi aux objets de la métaphysique. C’est pour tirer au clair la question de la possibilité de la scientificité de la métaphysique que Kant s’est intéressé aux conditions de possibilité de la science en général.

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