Antoine Grandjean : “Il n’y a pas de morale kantienne”
Pour Antoine Grandjean, Kant, avec Fondation de la métaphysique des mœurs, ne prétend pas produire une conception philosophique du bien pour en tirer une théorie de la vie bonne. Il cherche plutôt à comprendre ce qui constitue la morale commune. Ce faisant, le philosophe va paradoxalement aboutir à un bouleversement radical.
« La Fondation de la métaphysique des mœurs témoigne d’un effort de pédagogie chez Kant qui tranche avec le reste de son œuvre. Ce n’est pas un texte à vocation systématique : il ne prend pas comme point de départ des principes premiers afin de cerner la totalité d’un domaine en articulant des thèses définitives et cohérentes les unes avec les autres. Il part plutôt de l’expérience morale commune et de la manière dont on peut la décrire. Et cela pour, petit à petit, s’élever à une analyse beaucoup plus technique qui s’intéresse à ce qui rend possible cette expérience, aux structures rationnelles qui l’imprègnent et à ses présupposés. Il y a une volonté d’élévation progressive. Lorsque le lecteur entre dans l’ouvrage, il n’est pas immédiatement, violemment poussé hors de sa situation particulière. Kant cherche plutôt à le capter, en le conduisant peu à peu à se hisser à un haut niveau de technicité. En s’appuyant sur une expérience concrète, Kant dégage, par élimination, les structures et les principes de la moralité. Il écarte ainsi le bonheur, la perfection et les représentations théologiques pour finalement arriver au principe suprême de la moralité qui est l’autonomie. Le point de départ dans l’expérience commune implique donc toute une dimension anthropologique et psychologique, qui permet au lecteur de se sentir concerné.
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