“Dahmer”, un nouvel effroi
La série à succès Dahmer, créée par Ryan Murphy et diffusée sur Netflix, s’intéresse à Jeffrey Dahmer, un tueur en série nécrophile dont les victimes étaient des homosexuels pauvres. Pour Ariane Nicolas, cette fiction porte un récit où le mal radical devient un problème collectif, plutôt qu’individuel. Une approche louable, mais qui se révèle simpliste.
Lunettes jaunâtres, voix atone, silhouette impassible. Dans Dahmer, le Jeffrey éponyme (incarné par Evan Peters) a l’air patibulaire propre aux tueurs en série tels qu’on les voit à l’écran. Mais après Ted Bundy, Mindhunter, Le Serpent et de nombreux documentaires sur « les génies du mal », Dahmer se devait bien d’apporter quelque chose de nouveau à la sempiternelle question : qu’est-ce qui leur a pris de faire ça ?
Pour renouveler le genre, le créateur Ryan Murphy choisit de se concentrer sur les conditions sociales qui ont pu permettre ses passages à l’acte, plus encore que sur sa psychologie. Entre homophobie et racisme de la police, Dahmer met en lumière une nouvelle approche du mal, perçu comme une défaillance du système au moins autant, sinon plus, qu’un dérèglement de la volonté d’un individu.
Homophobie structurelle et mal radical
Depuis une cinquantaine d’années, les services de police – dans la vie réelle ou la fiction – ont recours au profilage criminel pour traquer les meurtriers. L’accent est porté sur la dimension psychanalytique du tueur en série, avec une forte composante pulsionnelle : on décrira souvent le meurtrier comme un individu « narcissique » incapable de gérer la frustration, et l’on fera volontiers à l’enfance cette sorte de généalogie du mal, grâce à une palette de signaux faibles dessinant peu à peu le portrait intérieur de l’individu malfaisant.
Certes, Dahmer traite de ce passage obligé. Au titre des causes maléfiques tirées de l’enfance, on nous suggère le divorce de ses parents, les brimades de ses camarades et la pratique de la taxidermie enseignée par son père. Mais c’est essentiellement sur l’incapacité à communiquer du protagoniste que la série insiste, sur le refoulement de son homosexualité, en raison d’un environnement familial homophobe et d’une société où les gays sont obligés de draguer dans des bars fantômes.
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