Ectosubjectivité
Le moi « indivisible et immuable » est un mythe. Nous sommes constitués de la conjonction d’une multitude de « fragments – désirs, postures, idées et opinions qui vont et viennent […], agglomération d’images et de statuts sur les réseaux sociaux, actes de résistance et de soumission ». C’est ce qu’affirme le philosophe canadien Alexandre Desrochers Ayotte. Pour penser cet éclatement du sujet, il a forgé le concept d’« ectosubjectivité » – à partir du grec ecto, « en dehors ». Le monde contemporain nous en fait la démonstration quotidienne : nos existences sont, chaque jour un peu plus, disséminées sur Internet… Notre moi n’est que la production, secondaire, qui émerge des interactions entre ces éclats d’individualité. Les Gafam l’ont bien compris : pour asseoir leur pouvoir, les géants du numérique s’efforcent d’extraire, de capturer et de fixer, à grand renfort de publicités ciblées, ces fragments de soi. L’ectosubjectivité est ainsi un instrument de subversion autant qu’un outil d’analyse. Subversion, car, en prenant conscience que notre moi n’est nullement à l’abri au plus profond de nous, mais éparpillé, nous découvrons l’importance de le protéger et la possibilité d’agencer ces fragments d’identité contre les puissances voulant mettre la main dessus.
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