Engagés corps et âme
La pensée de Merleau-Ponty s’invite en politique, qu’elle ne limite ni à la morale ni au cynisme. Elle fait de l’architecture une expérience sensorielle, et a même anticipé les plus récentes découvertes neurophysiologiques.
Vincent Peillon. « Il nous invite à un engagement politique explicite en faveur du socialisme démocratique »
Le grand mérite de Merleau-Ponty, c’est qu’il s’efforce de définir le milieu propre de la politique. La politique, ce n’est pas la religion, la science, la morale… C’est un domaine spécifique et irréductible, avec sa nature, ses lois, sa consistance propre. Ce qui apparaît caractéristique de ce domaine, c’est sa dimension tragique : les bonnes volontés, les consciences pures n’y font pas la loi seules. Le milieu politique, c’est ce milieu où ce que je suis ne coïncide pas avec ce qu’autrui pense de moi, et où les conséquences de mes actes m’échappent en partie. La politique morale, celle de la belle âme, en refusant de reconnaître la violence à l’œuvre dans l’histoire, et en négligeant de s’armer contre elle et de lui livrer bataille, s’en fait d’une certaine façon la complice. Reste que si, pour Merleau-Ponty, Machiavel vaut plus que Kant, inversement, l’histoire conçue comme fatalité et la politique comme tactique ne sont guère estimables. C’est pourquoi le lieu propre de la politique, s’il est bien délimité, élimine deux attitudes. Celle du cynique, qui se lave les mains de ce qui se produit parce qu’il a pour lui sa conscience et ses bonnes intentions ; celle du coquin, qui fait comme si on pouvait renoncer aux valeurs pour se satisfaire, au cas par cas, des calculs prudents de l’intérêt.
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