Et si les voix des personnes âgées comptaient moins ?
Du Brexit à la victoire de Donald Trump, les récents séismes électoraux laissent penser que les suffrages des plus âgés hypothèquent l’avenir des plus jeunes. De là, une proposition de réforme spectaculaire : et si la valeur du vote d’un électeur diminuait avec le nombre d’années ? Une idée antidémocratique ? Nous avons interrogé l’universitaire roumain Andrei Poama, qui a initié une plateforme de recherches sur ce sujet.
Les bouleversements électoraux de ces dernières années ont nourri l’idée d’accorder plus de poids au vote des jeunes par rapport à celui des « seniors ». À quand remonte cette réflexion ?
Andrei Poama : Ni au Brexit ni à la victoire de Donald Trump. Dès 1970, après la réélection de Ronald Reagan au poste de gouverneur de Californie, l’universitaire Douglas Stewart affirmait dans un article paru dans la revue The New Republic et intitulé « Disfranchise the Old » [« priver les vieux de leurs droits »] que, les personnes âgées étant davantage exemptées des conséquences de leur vote que les jeunes, il n’y avait pas de sens à leur donner le même pouvoir électoral. Stewart proposait de retirer le droit de vote soit à 70 ans, soit à l’âge du départ à la retraite. Ce genre de position constitue souvent l’expression d’un mécontentement électoral, mais il faut distinguer raisons et motivations : même si les motivations ne sont pas a priori très nobles, on peut développer des arguments philosophiques pour proposer de réduire le poids du vote des personnes âgées.
Lesquels ?
Le philosophe belge Philippe Van Parijs pense cette question à partir d’une conception de la justice intergénérationnelle : il s’agit pour chaque génération de s’assurer que la situation socio-économique de la génération suivante n’est pas pire que la sienne. Van Parijs envisage alors d’accorder au départ trois voix à chaque électeur, puis de lui en retrancher une tous les vingt-cinq ans. Le philosophe britannique William MacAskill a développé une proposition similaire en partant d’un capital de six votes, mais à partir d’une pensée utilitariste : comme chacun vote en fonction de son avantage propre et que les préférences temporelles des personnes âgées sont définies à court terme, cela a des conséquences négatives, par exemple sur l’enjeu du climat. En Suisse, le politologue Silvano Möckli a mené une analyse en termes de domination politique : l’idée est d’éviter que, dans une démocratie, certains groupes d’âge en dominent d’autres. Il a donc proposé d’accorder deux droits de vote à 18 ans et de diminuer le poids de ce vote de 1 % chaque année.
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