Feu ! Chatterton. Sombre héros
« C’est marrant à quoi tient une trajectoire. À l’origine, je ne suis pas du tout musicien, je ne joue d’aucun instrument, je ne sais pas chanter et j’ai des kystes sur les cordes vocales. Je n’avais donc aucun outil pour enraciner ce rêve, si ce n’est écrire. » Mais un jour de rentrée des classes, en première, Arthur Teboul s’est retrouvé aux côtés de Sébastien qui connaissait Clément, et voilà qu’aujourd’hui, avec ses mots, sa voix, ainsi qu’Antoine et Raphaël, les Feu ! Chatterton sont les fers de lance d’un rock français aussi populaire que lettré. En témoigne la sortie de Palais d’argile (Universal Music/Virgin Records), leur troisième album.
Quels étaient tes héros, enfant ?
Gainsbourg. J’ai l’impression qu’on avance en essayant de ressembler à ses héros.
L’illusion dont tu te berces ?
Que mes héros sont sans défauts.
L’autre métier que tu aurais pu faire ?
Après Sup de Co, je voulais monter un label, mais je n’osais pas inquiéter mes parents et m’avouer mon vrai rêve. En revanche, depuis, à force de concerts, mon dos m’a fait découvrir les ostéopathes, et ce rapport aux mains et à l’instant de partage m’intéresse. Sinon, petit, je voulais être archéologue. Symboliquement, d’ailleurs, les pierres me parlent toujours : par exemple, les géodes et leur principe de Silène, cette sorte de laideur qui abrite de magnifiques cristaux.
Ce que tu retiens de ton éducation ?
L’intégrité, la loyauté et l’ambition au sens d’engagement.
Ce dont tu n’as pas encore accouché ?
D’enfants. J’aimerais bien. Je suis très famille.
La maxime du bien que tu aimerais leur transmettre ?
Sage celui qui apprend de chaque homme, puissant qui domine ses penchants, riche qui se réjouit de son sort, honorable qui honore son prochain.
La chose la plus grotesque faite par amour ?
Je ne suis pas assez grotesque. Avec le temps, on se déride. On peut alors être dans un rapport plus fraternel, et tant mieux : être un héros est une prison.
De quoi t’accuse-t-on ?
De perfectionnisme !
Ce qui te met en colère ?
La négligence.
Le meilleur conseil qu’on t’a donné ?
« Compte jusqu’à dix avant de parler. »
Les penseurs qui t’accompagnent ?
Vers 20 ans, Oscar Wilde. Durant l’écriture de ce disque, Christian Bobin.
Ce que tu mettrais au-dessus du plaisir ?
L’amour. L’effort. L’amour de l’effort !
Le lieu qui se rapproche le plus pour toi de la cité idéale ?
Le Palais d’argile ! Car c’est une agora, l’individu qui s’y exprime est plusieurs personnages – homme, femme, enfant, fou, sage, bête…
Prends-tu tes rêves au sérieux ?
Oui, rêver n’est pas une broutille, c’est inscrire une puissance dans le monde qui peut devenir un monde concret. Disqualifier les rêveurs est donc une stratégie politique à combattre.
La dernière chose qui t’a véritablement étonné ?
Qu’il existe un calendrier horaire pour savoir à quelle seconde la tour Eiffel s’illumine !
Avec qui aimerais-tu dîner ?
Abraham, le patriarche.
La question que tu aimes poser aux autres ?
J’aime vraiment demander aux gens comment ils vont.
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