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Walter Borden (Mr. Peabody) et Pier-Gabriel-Lajoie dans Gerontophilia de Bruce LaBruce © Photo courtesy Puelo Deir Communications

Cinéma

“Gerontophilia” de Bruce LaBruce: “Aller contre la disposition de la société”

publié le 24 mars 2014 4 min
En réalisant “Gerontophilia”, narrant avec empathie la romance d'un vieillard et d'un jeune homme, le cinéaste Bruce LaBruce quitte le genre sulfureux qui l'a fait connaitre au cinéma et mène une réflexion sur l'invisibilité sociale des minorités.

Bruce LaBruce

commence sa carrière artistique dans des fanzines punk homosexuels, avant d'exposer sa vision pornographique et provocante de l'homosexualité. Il réalise notamment No Skin Off My Ass (1991) et Hustler White (1996).

Pourquoi avoir écrit et réalisé un film intitulé Gerontophilia?

J’entendais réaliser un film dans une facture plus populaire, à l’attention d’un public plus large que lors de mes précédents films. Mais je voulais cependant choisir un thème qui soit cohérent avec mes travaux antérieurs. Beaucoup de mes films traitent de personnages à la marge de la société – des inadaptés sociaux ou des gens qui ne se conforment pas aux pratiques sexuelles habituelles. J’ai donc décidé de réaliser un film sur un garçon de 18 ans gérontophile, c’est-à-dire qui nourrit un fétiche sexuel pour la vieillesse. Cependant, je souhaitais réaliser ce film dans un genre et un style qui me permette de présenter ce fétiche comme une attirance qui nait d’un sentiment d’empathie et d’humanité.
 


Gerontophilia
Gerontophilia Bande-annonce VO

 

Dans quelle mesure la gérontophile est-elle un fétichisme?

La gérontophilie est un fétiche établi qu’on trouve dans tout dictionnaire. Une personne qui nourrit ce fétiche est attirée par les signes spécifiques de la vieillesse – une peau ridée, les cheveux gris, jusqu’à la posture et la démarche d’une personne relativement âgée. Plus la personnes est âgée, plus le gérontophile à tendance à être excité.

 

« La question de la sexualité des personnes âgées suscite en général beaucoup d’embarras et d’inconfort »

Pourquoi la gérontophile suscite-elle de la fascination et de l'embarras?

Les gens sont conditionnés, à la fois par la biologie et les normes sociales, à entretenir des relations amoureuses romantiques avec des partenaires proche de leur propre âge. Si d’aventure quelqu’un entretient une relation amoureuse et/ou romantique avec un partenaire d’une génération différente, cela suscite une plus ou moins grande réprobation sociale. Ces relations, parce qu’elles sont relativement rares, ont aussi tendance à intriguer les gens, même si les réactions les plus courantes sont le dégoût et la réprobation. La question de la sexualité des personnes âgées suscite en général beaucoup d’embarras et d’inconfort. Aussi, lorsqu’elle implique en outre une relation intergénérationnelle, perturbe-t-elle d’autant plus les gens.

 

Mr Peabody, le vieil homme amant du jeune Lake, dit au cœur du film: “les vieux sont invisibles”. De quelle invisibilité parle-t-il?

Bien qu’il demeure certaines cultures dans lesquelles la vieillesse est révérée et respectée, dans la société contemporaine occidentale les personnes âgées sont souvent considérées comme un dérangement ou une charge. Ainsi, les personnes âgées sont souvent mises dans des institutions et oubliées.

Il existe également dans la culture occidentale une telle insistance sur l’importance de la jeunesse, dans les médias par exemple, ou dans les slogans du marketing et de la publicité, que les personnes âgées, en un sens, deviennent inutile et non-représentées. Cela contribue à une forme d’invisibilité. Comme les SDF, ils sont quasi littéralement considérés comme invisibles.

 

« Les homosexuels ont longtemps été comme invisibles »

Les personnes âgées et les homosexuels partagent-ils une même forme “d'invisiblité sociale”?

Les homosexuels ont longtemps été comme invisibles. Mais en un sens, c’était une sorte de mécanisme de défense créé par les gays. Ils ont été par le passé confrontés à une telle hostilité et à une telle condamnation qu’il était plus sûr pour eux de cacher leur sexualité et par conséquent de rester en certain sens “invisibles”.

Cependant, avec la naissance des mouvements pour le droit des homosexuels et la volonté gay de se fondre dans la culture de masse, les homosexuels ont vécu de façon beaucoup plus ouverte et visible. Toutefois, dans les institutions pour personnes âgées, par exemple, les homosexuels doivent parfois cacher leur sexualité à nouveau… La société ne veut plus avoir à faire avec la sexualité des vieux en général, mais elle réprouve encore plus fermement l’homosexualité chez les personnes âgées.

 

Mr Peabody, Lake et Désirée sont suvbversif dans leurs actions, ou veulent l'être. Quelle serait votre définition de la subversion?

Être subversif, selon moi, c’est questionner l’autorité et aller contre la disposition de la société. Être subversif, c’est questionner les conventions et la culture, et s’y opposer si elles sont on les juge répressives ou si elles soutiennent bêtement le statu quo. Désirée exprime pour Lake la nature subversive de sa gérontophilie : il va à l’encontre des conventions de la société qui dicte ce qui rend une personne sexuellement désirable. Elle révèle ceci en un sens : il va à l’encontre de la nature. La biologie dicte généralement qu’un individu trouve attirant quelqu’un de son âge ou quelqu’un qui est jeune et vigoureux. L’empathie de Lake et son désir de défendre et d’aider les vieux – des personnes qui sont discriminés et qui ne peuvent pas prendre soi d’elles-mêmes – va à l’encontre et des conventions de la société et de la nature. Il est en ceci un personnage très subversif. 

 

Gerontophilia, en salles le 26 mars 2013. Un film de Bruce LaBruce, avec Walter Borden, Pier-Gabriel Lajoie, Marie-Hélène Thibault, Katie Boland
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