Strates

“Honneur”

Antony Chanthanakone publié le 2 min

Les philosophes jouent leur réputation pour définir cette notion. 

 

Platon (428-348 av. J.-C.)

La vertu propre à la classe des gardiens de la Cité idéale est l’honneur. Le thumos est l’affect, semblable à un élan vital, qui, par un mélange de colère, d’ardeur et de courage, permet aux soldats d’assurer la sûreté de la Cité, selon le philosophe grec. Participant aussi à la beauté du monde, il s’oppose à la honte et à la lâcheté.

Montesquieu (1689-1755)

Alors que l’affect dominant dans les États despotiques est la crainte et dans les Républiques la vertu, le « principe » de la monarchie est l’honneur. Défini comme « préjugé de chaque personne et de chaque condition » par le penseur politique, il est le désir de se distinguer et d’accomplir de grandes choses.

Alexis de Tocqueville (1805-1859)

L’honneur « se retrouve dans les siècles démocratiques comme dans les temps d’aristocratie », écrit ce fin observateur du système américain. Mais il n’a pas la même consistance : puisque « ce sont les dissemblances et les inégalités des hommes qui ont créé l’honneur », il ne peut que s’affaiblir avec l’avènement de la démocratie.

Friedrich Nietzsche (1844-1900)

Il est une valeur essentielle du type humain supérieur que le philosophe allemand nomme aristocratique ou noble. Selon lui, « le premier signe que l’animal est devenu homme est quand ses actes ne se rapportent plus au bien-être momentané, mais à des choses durables ». Il s’élève « quand il agit d’après le principe de l’honneur ».

Kwame Anthony Appiah (né en 1954)

Il « peut sans conteste être mis au service de la réussite humaine », c’est-à-dire des révolutions morales, souligne cet universitaire américain. L’honneur est donc « un sujet crucial ». Touchant au respect et à la honte, à l’identité personnelle et sociale, il est aujourd’hui un soutien des mouvements collectifs et des causes justes. 

Expresso : les parcours interactifs
Joie d’aimer, joie de vivre
À quoi bon l'amour, quand la bonne santé, la réussite professionnelle, et les plaisirs solitaires suffiraient à nous offrir une vie somme toute pas trop nulle ? Depuis le temps que nous foulons cette Terre, ne devrions nous pas mettre nos tendres inclinations au placard ?
Pas si vite nous dit Spinoza, dans cet éloge à la fois vibrant, joyeux et raisonné de l'amour en général.
Sur le même sujet



Article
3 min
Samuel Lacroix

Le professeur à Princeton Kwame Anthony Appiah publie Repenser l’identité. Ces mensonges qui unissent (trad. N. Richard, Grasset, 2021), un…

Les identités, ces “mensonges qui unissent”

Article
2 min
Victorine de Oliveira

Montesquieu consacre plusieurs pages à la question de l’esclavage, preuve que le sujet mérite selon lui une véritable mise au point. Il a beau ne pas exister en France métropolitaine, il est monnaie courante aux Antilles, d’où les…




Bac philo
2 min
Nicolas Tenaillon

Que dois-je faire ? Cette question introduit à la morale et au droit. Le devoir désigne l’obligation à l’égard de ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Il se réfère au Bien (morale) ou à la Loi (droit), suppose une règle et s’adresse à…