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Grévistes à l’heure de la pause déjeuner dans une usine de Villeurbanne (69), en 1936. © Musée Nicéphore Niépce, Ville de Chalon-sur-Saône/adoc-photos

Une notion en débat

Jean-Claude Michéa utilise-t-il à bon escient le terme de “décence ordinaire” ?

Samuel Lacroix publié le 04 octobre 2023 10 min

Jean-Claude Michéa persiste et signe. Dans Extension du domaine du capital (Albin Michel, 2023), le philosophe continue de creuser les thèmes qui peuplent ses précédents livres, notamment le motif orwellien de la common decency. Une idée qui lui a valu et lui vaut encore des critiques. On vous explique.


 

Jean-Claude Michéa passe pour un auteur iconoclaste ou inclassable. Se revendiquant du socialisme libertaire, il est souvent accusé par une partie de la gauche d’être au mieux confus, au pire d’être franchement réactionnaire, tendance « rouge-brun ». Les critiques sans concession qu’il adresse à cette gauche et aux progressistes fourniraient en tout cas, d’après ses détracteurs, des armes à une droite et une extrême droite qui ne se privent pas de le citer.

Le philosophe récuse ces accusations et continue, d’essai en essai, de renouveler ses attaques contre la gauche contemporaine, qu’il juge phagocytée par le libéralisme culturel et incapable de formuler une critique radicale et pertinente du système capitaliste. Une telle critique, veut-il croire, ne peut faire l’économie d’un retour à un socialisme des origines et à son fondement moral et intuitif, loin de sa version intellectuelle.

Aux sources de la “common decency”

C’est dans cette perspective que Michéa mobilise à l’envi George Orwell et son idée de common decency, décence ordinaire ou commune. On connaît surtout l’écrivain britannique pour ses critiques du totalitarisme et de la surveillance de masse, exposées dans La Ferme des animaux (1945) et 1984 (1949). Mais Orwell a également signé des essais, comme Dans la dèche à Paris et à Londres (1933) ou Le Quai de Wigan (1937), dans lesquels il consigne des observations beaucoup plus empiriques et concrètes, au plus près de la classe ouvrière anglaise.

 

➤ À lire aussi : notre hors-série spécial sur George Orwell

 

Ces « gens simples », Orwell les estime dotés d’une sorte de sens moral inné, d’une « décence vraie », d’une « profonde humanité ». Loin de l’image misérable que la bourgeoisie véhicule d’eux, ces travailleurs précaires ont un sens de l’humilité et une spontanéité qui, veut-il croire, leur confère une sorte de capacité instinctive à discriminer le bien du mal. Ceci à un moment où le capitalisme triomphant et la logique libérale qui le sous-tend brouillent les lignes, impulsent un relativisme qui interdit d’édicter une norme commune du bien. La décence ordinaire – « ce concept délibérément vague et imprécis », relève Michéa (L’Empire du moindre mal, 2007) – qualifie ainsi ces « dispositions psychologiques et culturelles à la générosité et à la loyauté (et qui se résument, au fond, à notre capacité personnelle de donner, de recevoir et de rendre) ».

Invariants anthropologiques

C’est dans cette direction que Jean-Claude Michéa reprend Orwell : à ses yeux, l’avènement du socialisme et la destruction d’un libéralisme « axiologiquement neutre » doit en passer par une réforme morale, un retour à ces vertus de base qui composent la décence ordinaire, et donc par un « moment conservateur » qui court-circuite le projet libéral de détruire minutieusement toutes les entraves morales, toutes les anciennes traditions et coutumes, pour pouvoir tout soumettre au règne de la marchandisation et de l’individualisme. Pour Michéa, « ce qu’Orwell appelait la common decency ne représente, au fond, que la réappropriation moderne de l’esprit traditionnel du don » (Le Complexe d’Orphée, 2011).

La décence ordinaire : quand Michéa revisite Orwell
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