La nonchalance, vue par Montaigne et André Comte-Sponville
Nous remercions André Comte-Sponville et les éditions Plon, chez qui parait le Dictionnaire amoureux de Montaigne le jeudi 3 septembre, de nous autoriser à reproduire ce texte.
« Nonchaloir, nonchalance »
« Un trait essentiel du tempérament de Montaigne, qu’il se reproche parfois : c’est prendre les choses comme elles viennent, sans trop s’en faire, voire négligemment. Il en tirera peu à peu une philosophie, qu’il assume : il a compris qu’il faut faire sa vie à partir de ce qu’elle est plutôt qu’en fonction de ce que nous pensons qu’elle devrait être.
J’aime surtout le premier de ces deux mots, si délicieusement archaïque (quoiqu’on le trouve encore chez Baudelaire : “Ô parfum chargé de nonchaloir !”), moins fréquent dans les Essais que le second (six occurrences contre quatorze), mais par lequel il convient de commencer, puisqu’il est l’origine de l’autre : “nonchaloir” est d’abord un verbe, parfois substantivé, dont dérivent “nonchalant”, qui en est le participe présent adjectivé, et “nonchalance”, qui en est le déverbal.
“Chaloir”, dans le français du XVIe siècle, c’est importer (au sens d’avoir de l’importance), comme on l’entend dans le seul usage, quoique désuet, qui en subsiste : “Peu me chaut” (ou, chez Montaigne, “Que m’en chaut-il ?”, III, chap. IX, p. 977). “Nonchaloir”, c’est donc n’importer pas, ne faire ni chaud ni froid (chaloir vient du latin calere, “être chaud”). D’où l’expression “mettre à nonchaloir” (I, chap. IX, p. 34), qui signifie ne pas accorder d’importance, donc négliger ou dédaigner. Ainsi font les dieux, selon certains Anciens, vis-à-vis des mortels (I, chap. XI, p. 44), comme Montaigne, parfois, face aux commandements de l’Église (I, chap XXVII, p. 182), ou comme les humains, hélas ! lorsqu’ils déprécient ou condamnent ce qu’ils sont :
Nous remercions André Comte-Sponville et les éditions Plon, chez qui paraît le Dictionnaire amoureux de Montaigne le jeudi 3 septembre, de nous…
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