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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Revue de presse

L’actualité des idées du vendredi 16 octobre

Octave Larmagnac-Matheron publié le 16 octobre 2020 6 min

Philomag vous propose chaque semaine une sélection d’articles parus dans la presse française et étrangère. Des articles qui nous ont surpris, questionnés, dérangés. L’occasion de découvrir de nouveaux points de vue sur le monde et les événements qui font l’actualité.

Au programme, cette semaine : un plaidoyer pour une justice écologique mondiale, une réflexion décoloniale du sentiment océanique, une exploration de l’ontologie des champignons, une défense du dialogue entre science et politique, et une interrogation sur le devenir de l’économie néolibérale. 

  • La crise climatique menace l’humanité entière. Mais tout le monde n’est pas logé à la même enseigne : les pays les plus pauvres risquent de subir la catastrophe écologique de plein fouet, alors que les plus prospères – qui, depuis la Révolution industrielle, se sont enrichis en polluant la planète et en exploitant les ressources du Tiers-Monde – seront capables d’inventer des stratégies techniques afin de s’en prémunir. « Deux voies s’offrent à nous », souligne Olúfẹ́mi O. Táíwò et Beba Cibralic dans Foreign Policy (en anglais  : soit la « réparation climatique », qui s’efforcerait de compenser les inégalités mondiales engendrées par le réchauffement, soit le « colonialisme climatique », qui conduirait à un repli des nations sur elles-mêmes et à un nouvel « apartheid » international. Les deux philosophes américains défendent, bien entendu, la première solution et invitent à redéfinir la souveraineté face à la « grande migration climatique » à venir : une souveraineté qui renonce à son « droit d’exclure les étrangers » et qui intègre un « droit de circulation et de réinstallation. »

Pourquoi c’est stimulant ? Parce que si la crise environnementale est un problème global qui concerne tous les pays, la nécessité de coopérer ne doit pas occulter la responsabilité différenciée des États. 

 

  • La pandémie de Covid-19 n’a pas tué le néolibéralisme, loin de là : les marchés se portent extrêmement bien, et l’économie redémarre un peu partout dans le monde. L’épreuve du virus montre pourtant que les États sont encore en mesure, contrairement à ce qui a été asséné durant des décennies, d’interrompre en profondeur la machine économique. Et cette immixtion s’est d’ailleurs révélée indispensable, relèvent le sociologue Neil Fligstein et le politologue Steven K. Vogel dans la Boston Review (en anglais). « Les pays favorisant les travailleurs et les citoyens par rapport aux entreprises ont, semble-t-il, mieux répondu à la crise » que les autres, à commencer par les États-Unis. Le marché n’est donc pas la seule solution, l’alpha et l’omega de la gestion politique, y compris pour parvenir à la « croissance économique. » Sans défendre une unique option – à la différence du modèle néolibéral –, les deux auteurs invitent à piocher, sans souci d’orthodoxie, les « bonnes idées » proposées par les innombrables modèles économiques et politiques.

Pourquoi ça vaut le coup ? Parce que Fligstein et Vogel ne cèdent pas à la facilité d’une remise en question de l’intégralité des idées néolibérales : ils soulignent, au contraire, la nécessité de développer une pensée économique hybride, faite de bricolages entre différents courants.  

 

  • Dissolution de l’individualité dans le tout, indifférenciation des êtres : le « sentiment océanique » était, pour Romain Rolland, l’expression même du sentiment religieux. Selon l’anthropologue Elizabeth A. Povinelli, qui consacre au sujet un long article sur le site E-Flux, cette religiosité primordiale subsiste aujourd’hui dans notre manière d’envisager l’avenir comme catastrophe. Avec la catastrophe, la conquête moderne de l’individualité est abolie. Une rupture profonde, car, dans les sociétés traditionnelles, l’effacement de l’homme dans le monde était la règle : la « catastrophe » de la dissolution appartenait à un passé immémorial, non à un avenir incertain. L’esclavage, qui a projeté l’Afrique par delà les océans, a constitué, de ce point de vue, le véritable tsunami : la destruction d’une multitude de sociétés humaines conscientes de leur appartenance au monde, et l’effacement de celle-ci dans le règne uniforme de l’universalisme occidental. 

Pourquoi ça nous interpelle ? Parce que Povinelli montre que le sentiment d’appartenance à un tout n’exclut pas une certaine différence des êtres, là où le culte de l’individu autonome tend à noyer l’homme dans l’anonymat de l’indistinction. 

 

  • On connait bien le rôle cosmologique des plantes, qui ont façonné notre atmosphère au fil des siècles grâce à la photosynthèse. On connaît moins, en revanche, le rôle des champignons dans l’élaboration d’un milieu viable pour les autres vivants. Un rôle fondamental, affirme le mycologue Merlin Sheldrake, qui a récemment fait paraitre Entangled Life: How Fungi Make Our Worlds, Change Our Minds & Shape Our Futures  (« Vies imbriquées. Comment les champignons ont façonné nos mondes, changé nos esprits et forgé nos futurs », Random House, 2020), dans un entretien accordé à Science Focus (en anglais) : « Si les champignons ne décomposaient pas les corps morts, le monde serait jonché de kilomètres de cadavres. » Par leur pouvoir de décomposition, ils façonnent le sol qui permet aux plantes de proliférer. Ils ont cependant besoin des plantes, de leur capacité à transformer le minéral en énergie. La relation plante-champignon est en ce sens le modèle même de la symbiose, dont le principe sous-tend toute « l’histoire de la vie ». S’ils ressemblent aux végétaux par leur immobilité, les champignons ont aussi quelque chose de l’animal, parce qu’ils ont besoin de se nourrir d’autres vivants. Entre les deux règnes, ils constituent des êtres à part.

Pourquoi c’est passionnant ? Parce que l’on s’intéresse rarement au mode d’existence des champignons qui convoquent des images un peu répugnantes de pourriture, de moisissure. Ils sont pourtant la capacité de « digestion » du monde, et permettent de recycler les déchets rejetés par les autres vivants.

 

  • « Depuis des années, nous entendons des avertissements sur la “politisation de la science”, et des incitations à “remettre la science à sa juste place” » – c’est-à-dire loin du politique, dans la tour d’ivoire du chercheur impartial. C’est faire fausse route, affirment collectivement les éditeurs de The New Atlantis. Bien entendu, il existe des risques d’instrumentalisation politique des discours scientifiques. Les « anti-sciences », en matière de réchauffement climatique notamment, se plaisent à le rappeler. Pour autant, il est néfaste d’établir une scission étanche entre les deux sphères : « La science ne peut pas régler les conflits de valeurs, ne peut pas choisir nos priorités » – elle a besoin du politique pour cela, pour trancher entre les différentes alternatives qu’elle envisage – ; mais la politique a, elle aussi, besoin de la science afin d’étayer ses décisions. Il est urgent de trouver un équilibre entre tyrannie technocratique, qui ferait découler tous nos choix politiques de conclusions scientifiques, et délibération démocratique. 

Pourquoi c’est important ? Parce que la validité du discours scientifique est plus attaquée que jamais. Les auteurs de The New Atlantis résistent, cependant, à la tentation de dire que la science aurait réponse à tout, et s’efforcent de concilier reconnaissance de l’objectivité et nécessité du débat sur les alternatives. 

 

Paralipomena

◉ « Un couvre-feu, c’est quand les Allemands sont à Paris, c’est quand il y a des attentats de l’OAS, ça pourrait se justifier quand il y a des attentats islamistes dans Paris », s’est indigné hier soir BHL sur France 2. Présent sur le même plateau, le ministre de la Santé Olivier Véran a rétorqué : « M. Bernard-Henri Lévy, je suis à peu près sûr, si je devais lire votre livre [Ce virus qui nous rend fou, Grasset, 2020], de ne pas y trouver des moyens de sauver des vies. » ◉ Invitée hier sur France Culture, Sandra Laugier constate qu’avec les restrictions sur l’ouverture des bars et des cafés, et l’instauration d’un couvre-feu, « c’est toute la texture de nos relations sociales qui est fragilisée », notamment les « liens faibles », ceux que nous tissons avec des personnes que nous connaissons peu. « Ces liens-là que les attentats n’étaient pas parvenu à détruire, le virus y parvient. » ◉ Jeudi dans Libération, le sociologue Bernard Lahire s’en est pris à Geoffroy de Lagasnerie : « Il revendique le titre de sociologue pour légitimer ses analyses comme on enfile une blouse blanche pour vendre de la lessive. » La riposte n’a pas tardé. Sur Facebook, Didier Éribon a pris la défense de son confrère et ami : « Lahire occupe parfaitement la place qui est lui dévolue par le système : maintien de l’ordre, contrôle des frontières, sauvegarde de la routine. » ◉ 

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Comment résister à la paraphrase ?
« Éviter la paraphrase » : combien de fois avez-vous lu ou entendu cette phrase en cours de philo ? Sauf que ça ne s’improvise pas : encore faut-il apprendre à la reconnaître, à comprendre pourquoi elle apparaît et comment y résister ! 
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