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Le livre du jour

“L’Antiquité en détresse”, de Jean-Louis Poirier

Charles Perragin publié le 02 février 2021 3 min

Les peuples se révèlent dans les crises. C’est pour cela que le philosophe Jean-Louis Poirier s’est intéressé aux écrits antiques nés de catastrophes dans son Antiquité en détresse. Catastrophes et épidémies dans le monde gréco-romain (Les Belles Lettres, 2021). Des poèmes, des traités métaphysiques, des témoignages de première main racontent les raz-de-marée, les tremblements de terre… mais aussi les épidémies. La variole, la tuberculose, et bien évidemment la peste : toutes ces calamités sont déjà récurrentes dans les temps anciens. Cependant, la représentation de la contagion et les attitudes qu’elle suscite sont bien éloignées de ce que nous vivons aujourd’hui. Pourrait-on y voir un futur possible ? Comment les Grecs ou les Romains instruits agissaient-ils dans leurs séquences pandémiques ?

 

© Éditions Les Belles Lettres · Jean-Louis Poirier - L'Antiquité en détresse. Avec l’aimable autorisation des Éditions Les Belles Lettres

 

  • La résignation. « Tant que le mal parut être de ceux qui tiennent à la nature humaine et qu’on ignora la funeste cause d’un si grand fléau, on le combattit avec les ressources de l’art médical ; mais le désastre surpassait tous les secours ; ils ne pouvaient en triompher. » (Ovide, Métamorphoses, VII) Décrivant le châtiment de Junon qui envoie la peste sur l’île d’Égine, Ovide raconte comment le mal prend progressivement possession du monde : les eaux, les airs, les animaux, les arbres, les villes. Le poète latin fait écho à une tradition romaine qui considère la pandémie comme un mal nécessaire contre lequel on ne peut agir. Elle acquiert « une sorte d’existence substantielle multipliable sous la forme du miasme, qui nous guette et nous attaque quoi que nous fassions », résume Jean-Louis Poirier. Ici, le miasme n’est pas transmis par autrui, comme le dira bien plus tard la théorie microbienne. « Il émane de l’air même que nous respirons et qui est vicié. Le remède n’est donc à chercher ni dans un incertain confinement (comme on le fera au Moyen Âge, avec celui des seuls malades, par l’institution des lazarets), ni dans un évitement de l’autre. » Bref, il n’y a rien à faire.
  • La fuite. « J’atteignis donc Aquilée quand la peste s’abattit comme jamais encore auparavant, si bien que les empereurs prirent aussitôt la fuite pour Rome avec une poignée de soldats, tandis que nous, le grand nombre, nous eûmes de la peine, pendant longtemps, à nous en tirer sains et saufs. » (Galien, Sur ses propres livres, III) Claude Galien est philosophe et médecin. S’occupant d’abord des gladiateurs à Pergame, il est ensuite appelé par les empereurs Lucius Verus et Marc Aurèle pour gérer l’épidémie (probablement de variole) en 166 que l’armée romaine avait rapportée de Syrie. Comme bien d’autres à son époque, Poirier rappelle que « parfaitement conscient des limites de son art face à ce fléau, il fit tout ce qu’il pouvait pour prendre le large et refuser cette responsabilité. »
  • La décadence. « D’une façon générale, la maladie fut, dans la cité, à l’origine d’un désordre moral croissant. L’on était plus facilement audacieux pour ce à quoi, auparavant, l’on ne s’adonnait qu’en cachette : on voyait trop de retournements brusques, faisant que des hommes prospères mouraient tout à coup et que des hommes hier sans ressources héritaient aussitôt de leurs biens. » (Thucydide, La Guerre du Péloponnèse, Livre II) La peste d’Athènes en 430 av. J.-C. va durer quatre ans. Dans ce texte, l’historien athénien décrit les symptômes et les scènes épouvantables que provoque la peste. La quantité de morts est telle qu’on ne respecte plus les rites funéraires. On enterre les cadavres comme on peut, quand ils ne sont pas brûlés. À l’heure où la vie peut être emportée à tout moment, Thucydide note le déclin du goût de l’effort, de l’abnégation, de la religiosité. De façon générale, il observe le remplacement de la recherche du « beau et de l’utile » par « l’agrément immédiat ». Il faut dire que, en plus d’être caractérisées par une violence inouïe, les épidémies antiques durent longtemps. Plusieurs années. La peste antonine, au IIe siècle de notre ère, se prolonge presque vingt ans. Et comme le rappelle Jean-Louis Poirier, pour certains historiens modernes comme Kyle Harper (Climate, Disease and the End of an Empire, Princeton University Press, 2018), les épidémies ne seraient pas étrangères à la chute de l’Empire romain…

 

Paru aux Éditions Les Belles Lettres, L’Antiquité en détresse. Catastrophes et épidémies dans le monde gréco-romain, de Jean-Louis Poirier, est disponible ici.

Et aujourd’hui, comment les philosophes réagissent-ils à l’épidémie ?
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