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Michèle Le Dœuff. Portrait non daté. © Vincent Brault

Féminisme

Le jour où… : les philosophes racontent leur prise de conscience féministe. Michèle Le Dœuff

Michèle Le Dœuff publié le 04 mars 2024 3 min

On ne naît pas féministe, on le devient. En tout cas, certaines injustices et autres événements décisifs de la vie, peuvent déclencher une épiphanie très puissante. Dans le cadre de la semaine du 8 mars qui célèbre la Journée internationale des droits des femmes, nous avons demandé à plusieurs philosophes de raconter ce « déclic » à l’origine d’une prise de conscience féministe existentielle et intellectuelle.

Pour ouvrir la semaine, nous vous proposons de lire le témoignage de Michèle Le Dœuff, pionnière des études féministes en France.


 

Une grippe et une conversation avec sa mère. Ce sont ces deux événements qui ont déclenché chez Michèle Le Dœuff, une prise de conscience féministe puissante et fondatrice dans son œuvre. Pionnière des études féministes en France, Le Dœuff a notamment signé Le Sexe du savoir, consacré à la place des femmes dans la production des connaissances. Elle raconte ces « coups d’épingle » qui ont vivement marqué son parcours de femme et d’intellectuelle.

 

« Je suis sans doute devenue féministe plusieurs fois ou par touches successives. Il peut nous arriver à toutes d’avoir envie de tout lâcher, de prendre des distances pendant quelque temps, parce qu’on est happée par autre chose, puis d’y revenir. Quand le féminisme devient dormant, un coup d’épingle parfois suffit à le réveiller. Jusqu’au moment où la spirale, car tout s’approfondit à chaque retour, atteint un plan de consistance tel que ce mode de pensée et d’engagement devient l’évidence de chaque jour.

Mon plus ancien souvenir d’une prise de conscience, d’un trait de lumière qui change tout, je le dois à une grippe. Clouée au lit, j’écoute la radio en somnolant. J’entends une femme dire que, dans toutes les sociétés, les femmes assument les travaux et les tâches dont les hommes ne veulent pas. Cette voix, c’était vraisemblablement celle la sociologue Andrée Michel : j’avais quatorze ou quinze ans, ce qui semble correspondre au début de la grande notoriété d’Andrée.

Et j’y ai cru ! Tout de suite, alors même que le discours officiel dans le cercle familial (si tant est qu’il y eût discours) affirmait que l’égalité régnait. J’entretenais depuis longtemps de sérieux doutes quant à la véracité de ce genre d’affirmations. Mais comment aurais-je pu le dire ?

En une phrase, Andrée Michel, si c’était bien elle, proposait une épure d’une situation globale, « dans toutes les sociétés », une vision abstraite et dénuée d’essentialisme (non, il n’y a pas une nature féminine qui prédisposerait à ceci tandis qu’une nature masculine prédisposerait plutôt à cela). Qui a lu Le Sexe du savoir sait déjà que cette pensée a eu pour moi une valeur fondatrice.

➤ À lire aussi : Michèle Le Doeuff, féministe savante et indisciplinée

À peu près à la même époque se situe une autre scène qu’il me coûte d’évoquer. Dans la cuisine, ma mère a entrepris de me convaincre d’abandonner mes études au lycée et de passer le concours d’entrée à l’école normale d’institutrices, alors même que rien dans mes résultats scolaires ne justifiait une telle bifurcation. Entre alors mon père, apportant des pommes de terre du jardin.
“J’étais en train d’expliquer à Michèle qu’être institutrice, c’est assez bien pour une femme.
— Je ne suis pas d’accord”, répondit mon père, qui sortit de la pièce sans ajouter un mot, si bien qu’on n’a jamais su pourquoi.

Il m’aura fallu des années pour trouver une explication. Ma mère était le ministre des Finances dans la maisonnée. Bien qu’elle ait mis trois enfants au monde, seul son fils aîné comptait. Or il traînait un peu dans ses études et il avait choisi une filière longue qu’on pouvait prévoir fort onéreuse. Ma mère souhaitait que je débarrasse le budget familial le plus vite possible, ce qu’au reste je ferai quelques années plus tard en entrant à l’École normale supérieure de Fontenay [aujourd’hui Lettres et Sciences humaines, au sein de l’ENS de Lyon], qui salariait ses élèves. Mon père avait donc refusé, non le projet de faire de moi une institutrice mais la manœuvre sous-jacente. »

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