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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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© Lea Lund pour PM

Lexique

Le théâtre machiavélien

Marie Gaille-Nikodimov publié le 25 mai 2006 10 min

Les idées de Machiavel sont le plus souvent incarnées par des hommes, figures historiques, servant de modèles ou de repoussoirs. Fondatrice de la philosophie politique moderne, son œuvre apparaît comme un théâtre, où est représentée la logique du pouvoir.

Rome, la fondation d’un État

La Rome antique et républicaine est l’une des grandes scènes du théâtre politique machiavélien, elle fournit un terme de comparaison permanent pour évaluer l’histoire contemporaine. Les Discours sur la première décade de Tite-Live s’ouvrent sur une invitation à étendre aux affaires politiques l’admiration que les contemporains portent à l’Antiquité artistique et intellectuelle. Machiavel n’idéalise pas pour autant Rome, mais y trouve l’anti-modèle de l’idéal aristocratique et conservateur de certains humanistes florentins, celui d’une cité harmonieuse et close. Il admire la république turbulente, ouverte aux accidents de l’histoire où, dit-il, les tumultes entre la plèbe et le Sénat ont fourni les ressorts de la liberté. Aux yeux de Machiavel, Rome n’a pas été fondée en un seul moment par un sage législateur mais par l’action conjuguée de Romulus et Numa. Elle s’est donné ses lois progressivement et sans plan préconçu. Machiavel fait ainsi de Numa le second fondateur de Rome. « Trouvant un peuple encore indompté, désireux de la réduire à l’obéissance par la paix, Numa se tourna vers la religion comme absolument nécessaire au maintien d’une société civile. » Pour le fondateur, la religion a donc une fonction essentiellement politique, elle lie l’obéissance aux lois, indispensables à la liberté, à la crainte qu’inspirent les dieux.

 

Le machiavélisme, ou le mal politique

À travers sa peinture du prince conquérant, se maintenant au pouvoir par tous les moyens, et celle du conseiller qui soutient une telle entreprise, Machiavel a forgé un personnage qui incarne le mal, soumettant la morale à la politique, jouant des vertus quand elles avantagent son action, les dédaignant lorsqu’elles nuisent à son maintien. Certains passages du Prince ont pu nourrir la représentation de ce personnage, comme cette invitation à « se tourner selon ce que les vents de la fortune et les variations des choses » commandent et à « ne pas quitter le bien » quand cela est possible, « mais savoir entrer dans le mal » en cas de nécessité. La pensée politique de Machiavel se distingue cependant de la représentation de la politique accolée à son nom et ne peut être assimilée aux pratiques qu’elle décrit.

 

La fortune, ou l’incarnation de l’imprévisible

« Enfant naïve et échevelée », « torrent rapide, plein d’orgueil », « roue » au rythme effréné, tantôt humanisée sous les traits d’une femme qu’il faut affronter, battre et soumettre, tantôt réifiée sous l’aspect d’un torrent tumultueux et dévastateur, « qui démontre sa puissance là où on n’a ordonné aucune vertu pour lui résister », la fortune (fortuna) est le nom donné à ce qui survient de manière imprévue. L’homme politique, aujourd’hui consacré, sera demain ruiné, pour des raisons qui souvent échappent à sa maîtrise. Les mêmes actions conduisent les uns au succès, les autres à l’échec. Comme si le temps emportait ceux qui ne s’adaptent pas au changement. Est-ce à dire que la réussite politique relève du hasard et de la chance ? L’acteur politique doit s’attendre à l’imprévisible et au changement constant des conditions de son action. Parfois synonyme de mauvais sort, la fortune renvoie à un événement contre lequel les hommes ne peuvent rien – la maladie et la mort pour César Borgia. Elle ne se manifeste pas toujours comme une force mauvaise et toute-puissante, dès lors que la vertu sait y faire face : elle est alors non ce qu’il faut combattre, mais ce à quoi il faut s’adapter, afin de mieux en triompher. Surtout, l’existence de la fortune ne signifie pas la négation de la liberté. « Je n’ignore pas, écrit Machiavel, que beaucoup ont eu et ont l’opinion que les choses du monde sont gouvernées par la fortune et par Dieu de telle manière que les hommes ne peuvent, avec leur prudence, les corriger, qu’au contraire ils n’y ont aucun remède. Et pour cela, ils pourraient juger qu’il n’y a pas à s’échiner beaucoup sur les choses, mais à se laisser gouverner par le hasard. [...] Néanmoins, pour que notre libre arbitre ne soit pas anéanti, je juge qu’il peut être vrai que la fortune soit l’arbitre de la moitié de nos actions, mais qu’elle nous en laisse aussi gouverner l’autre moitié, ou à peu près. » Usant de la métaphore érotique, Machiavel établit un lien privilégié avec la jeunesse dont l’audace semble plaire davantage à la fortune que la trop grande prudence de ceux qu’il nomme les « sages de notre temps » : « Et c’est pourquoi, comme femme, elle est toujours amie des jeunes, parce qu’ils sont moins circonspects, sont plus féroces et la commandent avec plus d’audace. »

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