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Les Damnés mis en scène par Ivo Van Hove dans la Cour d’honneur du Palais des Papes, à l’occasion de la 70e édition du Festival d’Avignon © Christophe Raynaud de Lage

Théâtre

“Les Damnés”. L’attraction des affres

Cédric Enjalbert publié le 27 septembre 2017 2 min

En reprenant ”Les Damnés”, son adaptation du film de Luchino Visconti pour le théâtre, à La Comédie-Française dès le 29 septembre, le metteur en scène Ivo Van Hove nous plonge dans un gouffre métaphysique qui interroge la nature du mal et ne nous laisse pas indemnes. Bouleversant et vertigineux.

D’où vient l’attraction pour le mal ? En shakespearien habitué des drames historiques, Ivo Van Hove plonge dans ce gouffre métaphysique. Il adapte Les Damnés, d’après le scénario de Luchino Visconti, qu’il monte à la façon d’une tragédie classique sur fond de Seconde Guerre mondiale. Le metteur en scène flamand scrute ce moment précis du choix éthique, qui mène une famille d’industriels à mettre un pied dans l’abîme, puis à composer avec la compromission idéologique, avant de finalement nourrir une tragédie humaine. Il expose comment l’instrumentalisation de l’idéologie produit une lente dérive de ce choix, qui se résout finalement en une alternative à la Carl Schmitt (1888-1985) : amis/ennemis. Le philosophe allemand, théoricien du droit proche du national-socialisme, définit dans La Notion du politique (1932) l’inimitié comme condition de la politique : « La distinction spécifique du politique, à laquelle peuvent se ramener les actes et les mobiles politiques, c’est la discrimination de l’ami et de l’ennemi. » De fait, les membres de la dynastie Essenbeck agissent par calcul, sinon par conviction, depuis le patriarche, le baron Joachim (Didier Sandre), qui, d’un geste inaugural et par opportunisme, démet son directeur opposé au régime et choisit de se rapprocher des nazis afin d’assurer la prospérité de son entreprise après l’incendie du Reichstag. Il est assassiné dans la nuit par Friedrich Bruckmann (Guillaume Gallienne) épaulé par son amante Sophie von Essenbeck (Elsa Lepoivre). Tous deux fomentent un plan digne des Macbeth pour s’emparer du pouvoir. Les morts se succèdent ; sur scène, des cercueils sont alignés. Les Essenbeck y entrent en fanfare, comme intronisés aux limbes. De cette descente aux Enfers, Ivo Van Hove fait une fête macabre, se détachant du contexte historique pour ne conserver de cette tragédie que la trame. Le succès de ces Damnés tient à cet affranchissement vis-à-vis du maître et de l’histoire, autant qu’à la remarquable interprétation des acteurs de la Comédie-Française. Tous sont beaux dans l’effroi, notamment Christophe Montenez, dans le rôle de Martin von Essenbeck, redoutablement séduisant dans les affres. Le déroulement de la pièce tient à sa progression extraordinaire, à la cristallisation du mal autour de cet électron libre androgyne et travesti, devenu fer de lance des atrocités. À lui seul, il concentre le sentiment par ailleurs diffus que produit l’inconfortable fascination érotique pour l’horreur. Ivo Van Hove n’orchestre pas pour autant un spectacle voyeur. Il ménage plutôt une représentation de nos tréfonds obscurs où se mêlent les désirs et les peurs. Chacun est libre d’y projeter ses révulsions ou d’y affronter ses tentations.

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