“Master Gardener” : cultiver son jardin
Avec ce film mettant en scène un horticulteur aux prises avec son passé, Paul Schrader clôt sa trilogie sur la responsabilité morale de la plus belle manière. Un bouquet final teinté de métaphysique.
Ordre et désordre participent à la beauté des jardins : ils demandent de l’entretien mais ne sauraient être parfaitement maîtrisés, et, sous l’apparente organisation des bosquets, une vie chaotique se déploie. Dans Master Gardener, le cinéaste Paul Schrader en fait une métaphore de l’homme, achevant ainsi une trilogie sur la responsabilité morale entamée avec Sur le chemin de la rédemption, puis The Card Counter. Comme dans ses deux autres réalisations, il suit un héros aux prises avec son passé, Narvel, interprété avec justesse et retenue par Joel Edgerton. Cet horticulteur solitaire, jardinier en chef d’un domaine appartenant à Madame Haverhill (Sigourney Weaver), poursuit une quête expiatoire, que vient bouleverser l’apparition de Maya, une apprentie dont il doit diriger la formation. Comme dans un récit d’apprentissage, l’un et l’autre s’épaulent pour tracer leur voie dans l’existence, composant avec des passions tristes, comme la jalousie ou la haine, mais aussi avec les tourments de l’amour. Sans manichéisme, le cinéaste sonde les affres de la liberté, celle de faire le bien comme le mal. La beauté de la photographie et la qualité du scénario donnent à cette réflexion métaphysique une épaisseur humaine et sensible. Si la métaphore jardinière peut paraître appuyée – la résilience du monde végétal, le soin apporté à la terre, la vie qui bourgeonne… –, elle renvoie néanmoins à une tradition philosophique à laquelle Kant participe. Pour souligner notre insociable sociabilité, le philosophe emploie dans son Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique la métaphore de la forêt, où « les arbres, justement parce que chacun essaie de ravir à l’autre l’air et le soleil, se contraignent réciproquement à chercher l’un et l’autre au-dessus d’eux, et par suite ils poussent beaux et droits, tandis que ceux qui lancent à leur gré leurs branches en liberté et à l’écart des autres poussent rabougris, tordus et courbés ». Filant l’image, il ajoute que « dans un bois aussi courbe que celui dont est fait l’homme, on ne peut rien tailler de tout à fait droit ». Bref, nous sommes imparfaits… mais n’est-ce pas là l’essence des bons films ?
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