“Zelda” et la poétique de l’espace
Avec Zelda. Le jardin et le monde, son livre consacré à la saga vidéoludique, l’essayiste Victor Moisan se demande comment un monde circonscrit par un écran peut ouvrir à une forme d’infini, et, en retour, comment un horizon de jeu apparemment sans limite peut échapper à un vertige existentiel. Réponses entre temple zen et poésie bachelardienne.
L’étroit et l’immense
Le livre se concentre sur The Legend of Zelda. Ocarina of Time, sorti en 1998 sur la console Nintendo 64, le premier épisode en 3D d’une saga qui remonte presque aux origines des jeux vidéo, en 1986. Les débuts du joueur dans Ocarina of Time, écrit l’auteur, sont comparables à l’arrivée au temple zen de Jiko-in, au Japon. Selon le principe du roji, jardin domestique menant à un salon de thé, il faut emprunter un étroit goulet de pierre, creusé à flanc de colline. Ce parcours est conçu comme « un préambule à l’événement majeur », la cérémonie du thé.
“Les mondes ouverts de Zelda retiennent la leçon de Pascal : qui ne se ménage pas des espaces clos, des antichambres et des retraites se perd dans une plaine sans fin, un horizon inépuisable et angoissant”
À Jiko-in, la vision du promeneur s’ouvre sur la plaine de Yamato, large étendue qui contient elle la promesse d’une aventure d’autant plus exaltante qu’elle succède à la contiguïté du parcours de pierre. Un jeu de va-et-vient entre l’étroit et l’immense qui est celui qu’investissent la plupart des jeux vidéo en monde ouvert, comme Zelda : « Les premières heures d’Ocarina Of Time […] suivent un couloir narratif, sorte de tutoriel opportunément situé dans une forêt pour, au terme de ce prologue balisé, nous faire déboucher sur la plaine d’Hyrule, “événement majeur” qui condense à lui seul toutes les promesses de liberté du jeu. » De la dramaturgie du temple Jiko-in, les mondes ouverts des jeux vidéo retiennent une leçon pascalienne : qui ne se ménage pas des espaces clos, des antichambres et des retraites se perd dans une plaine sans fin, un horizon inépuisable et angoissant – « le silence éternel de ces espaces infinis » qui « effray[ai]ent » Blaise Pascal.
Pas si vite nous dit Spinoza, dans cet éloge à la fois vibrant, joyeux et raisonné de l'amour en général.
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