Stéphane Arguillère : « Greffer le bouddhisme sur la pensée occidentale »
Un regard acéré sur les faiblesses de ses contemporains, une anticipation de la théorie des pulsions, l’ouverture de la pensée occidentale au bouddhisme, la philosophie de Schopenhauer a inauguré bien des pistes.
L’intérêt de Schopenhauer n’est pas d’avoir diffusé des idées bouddhiques véritables (son interprétation est souvent pour le moins… personnelle). Il a surtout eu le mérite de greffer des éléments du bouddhisme sur le tronc de la pensée occidentale, illustrant ainsi la fécondité conceptuelle de cette pensée. Sa doctrine rencontre le bouddhisme sur nombre de thèmes, y compris certains aspects dont l’auteur ne pouvait pas avoir connaissance, vu l’état de la traduction des textes à son époque (par exemple, s’agissant du primat qu’il donne dans sa théorie de la connaissance à la perception directe sur l’inférence raisonnée). Certes, les conceptions qui présentent des similitudes avec le bouddhisme sont prises, chez lui, dans un dispositif qui n’a de ressemblances que très superficielles avec les pensées issues de la postérité du Bouddha. Ainsi l’idée du caractère négatif du bonheur (selon laquelle le bonheur se réduit à l’absence de souffrance et ne consiste jamais dans quelque chose de positif en soi) est-elle quasiment absente de la littérature bouddhique : au contraire, le bien-être y est posé comme le fruit de la vertu dans le cadre de la doctrine du karman [doctrine selon laquelle les actes d’un individu se répercutent sur ses différentes vies, Ndlr]. Reste que le pessimiste allemand peut bien faire figure d’exemple à tous ceux qui se piquent aujourd’hui de philosophie, lui qui a frayé la voie de l’ouverture aux pensées de l’Asie dès le milieu du XIXe siècle ! Car force est de constater que les philosophes contemporains ne lisent pas les textes bouddhiques (pourtant de mieux en mieux traduits dans nos langues). Paradoxalement, la diffusion populaire du bouddhisme en Occident s’est accompagnée d’un mépris croissant de la part des intellectuels, qui paraissent se faire une gloire de l’ignorer.
Faites-vous primer le désir comme Spinoza, la joie à l'instar de Platon, la liberté sur les pas de Beauvoir, ou la lucidité à l'image de Schopenhauer ? Cet Expresso vous permettra de le déterminer !
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