Non à la chienlit
Quarante ans après, les réactions sont toujours vives. Qu’ils soient conservateurs ou humanistes, les détracteurs de « l’esprit 68 » pointent tous du doigt l’avènement de l’individualisme.
La contribution des philosophes à la critique de Mai 68 a été précoce. Très tôt, on voit poindre des généalogies conceptuelles et des explications générales. On peut distinguer trois types de critiques de Mai 68 : celles des traditionalistes et des néoconservateurs, celle des « républicanistes » et celle des libéraux « humanistes ».
L’attaque contre l’anti-humanisme supposé du mouvement des années 1960 apparaît d’abord dans la droite catholique traditionaliste et dans la mouvance néoconservatrice. Dès 1969, le philosophe catholique Jean Brun, dans Le Retour de Dionysos, livre une critique du mouvement, en déplorant la théorie de la « mort de l’homme » et du sujet, après la destruction de la transcendance divine. Il fustige ainsi l’influence du dadaïsme et du surréalisme, la référence au théâtre d’Artaud, le Nouveau roman, etc. Cette « dissolution dionysiaque du sujet » dans le « ludisme » – le culte du « jeu » – se perçoit, selon lui, dans les écrits dadaïstes de l’un des précurseurs de la révolte de Mai 68, Isidore Isou, dans « l’art psychédélique » introduit en 1968, et dans l’essai de Jean-Jacques Lebel – qui fut très actif à cette époque lors de l’occupation du théâtre de l’Odéon – sur Le Happening, où se concentrent nietzschéisme et structuralisme. Entre le thème de la « mort de l’homme » et l’hédonisme débridé des années 1960, le lien serait donc évident. On retrouvera ces critiques dans la revue de la droite conservatrice et violemment anti-soixante-huitarde Contrepoint, puis dans Commentaire, qui introduit alors, sous l’impulsion de Pierre Manent, les thèses de Irving Kristol – le père du « néoconservatisme » aux États-Unis – et surtout d’Allan Bloom, le disciple de Leo Strauss. La revue soutient alors le best-seller mondial de Bloom, L’Âme désarmée (1987), l’une des plus violentes attaques contre la contestation de l’époque. Pour Bloom, le désordre qui a miné les campus américains et qui a conduit à la mort de la haute culture viendrait de France. Les idées de Nietzsche et de Heidegger, porteuses de la destruction de toutes les valeurs -morales, auraient inspiré le gauchisme « nietzschéo-heideggérien », lui-même marque de fabrique du Mai 68 parisien.
La série Squid Game, très populaire dans les cours de récré, inquiète de nombreux parents. Les images violentes pourraient-elles avoir une…
Dans un court essai documenté et pertinent, le sociologue Camille Peugny invite à repenser notre conception politique, et philosophique, …
La Commune de Paris est sans nul doute la grande révolte prolétarienne du XIXe siècle, qui s’ambitionnait révolution… mais tourna court …
La mécanique quantique, en général, ramène à trois images très simples : un chat entre la vie et la mort, de minuscules morceaux de matière…
Thomas Jolly avive la ferveur des spectateurs du Festival d'Avignon avec son ambitieuse et puissante mise en scène de l'épopée “Henry VI”, en dix…
Le succès des idéologies collapsologues et antispécistes au sein de la jeunesse posent une question : la nouvelle génération aurait-elle…
Ceux qui l’apprécient en parlent comme d’un héritier de Balzac. Ses détracteurs en parlent comme d’un Houellebecq passé par Port-Royal – no…
Les banlieues s’échauffent en même temps que les universités. Est-ce une coïncidence ? Ou la jeunesse est-elle en proie à une crise qui transcende les clivages de territoires, de classes et d’âges ? Deux philosophes sondent les causes…