Opposition contraire et opposition contradictoire : quelle est la mieux adaptée ?

1. « Pas la peine de discuter avec le voisin, cette histoire de mur mitoyen, on va régler ça direct au tribunal. On dépose plainte. Sinon, ça va traîner. »

Opposition contradictoire

« Selon moi, il y a moyen de lui faire entendre raison sans mettre en marche toute une démarche judiciaire. La simple lettre d’un avocat qui le mettrait en demeure d’abaisser son mur et le menacerait d’agir par voies légales devrait suffire. On évite ainsi de lui parler directement, et on lui montre qu’on ne veut pas perdre de temps et qu’on est prêts à aller jusqu’au bout. »

Opposition contraire

« Ce serait une déclaration de guerre, et on n’arriverait à rien de bon. Avec lui on risque l’escalade : non seulement il ferait tout pour que la procédure dure le plus possible, mais il tenterait de nous gâcher la vie avec tous les moyens dont dispose un voisin. Il serait capable de déplacer son tas de compost juste à côté de notre terrasse par exemple, ou d’autre trucs mesquins de ce genre. Laisse tomber cette histoire de mur. Quand on partira, on dira aux nouveaux propriétaires que la hauteur du mur est illégale, ils se débrouilleront. Moi, je ne veux pas passer ces prochaines années en conflit avec un psychopathe ; en plus je suis souvent seule à la maison, ce type me fait peur. »

2. « Avec tout le stock à disposition sur la Toile, on devrait utiliser systématiquement les documentaires et les docufictions pour enseigner les sciences et l’histoire. »

Opposition contradictoire

« Il faut un équilibre. C’est vrai que les documents audiovisuels accrochent mieux l’œil, et donc peut-être l’attention, des élèves, mais c’est un certain type d’attention. Il faut aussi développer leur capacité à écouter un simple conférencier, à se concentrer sur une tâche, etc. Pour certains contenus, comme pour faire saisir la tectonique des plaques ou les phénomènes optiques, les films sont parfaits. Mais pour d’autres contenus, beaucoup moins. Raconter que Giordano Bruno a été brûlé en 1600 à Rome, on peut le faire sans film. Je ne vois pas l’intérêt de montrer un type qui hurle sur un bûcher, franchement. »

Opposition contraire

« Et après, on s’étonnera de voir arriver au lycée et à l’université des illettrés ! Les jeunes sont déjà des consommateurs frénétiques d’audiovisuel, ils passent leur temps sur les écrans. L’école doit se placer en porte-à-faux de manière absolue et occuper les élèves à l’écoute des leçons, la prise de notes, la compréhension de tableaux, de graphiques, de schémas, l’interaction avec le prof, la lecture de longs documents, l’art de la dissertation, du résumé. L’école est le seul endroit où les jeunes sont encouragés à lire. Il faut qu’elle le reste, qu’elle chasse hors de ses murs tout ce qui est films et documentaires. Il faut ancrer dans l’esprit des jeunes que le vrai savoir est dans les livres, pas dans les vidéos. Savoir que mes impôts paient des profs pour qu’ils mettent des films, ça me met dans une colère pas possible. On ne doit regarder des films qu’en cours de cinéma, pour les analyser. L’école, c’est l’école ! »

3. « Mon amour, tous nos enfants, juste après le collège, feront une année en internat en Angleterre. J’y tiens. L’anglais, c’est important pour leur futur. »

Opposition contradictoire

« Chloé, je ne sais pas. Tristan, je le verrais un peu plus, il se fait des amis rapidement, et puis sportif comme il est, il aurait mille occasions de “socialiser”. Il faut voir aussi comment son caractère évolue. Tu sais, souvent les ados, vers 14-15 ans, ils changent. Il faudra voir la situation à ce moment-là. Imagine le drame s’il a une petite copine ! Chloé, pour l’instant, tu vois bien : elle est dans son petit monde, elle a une seule amie, elle fait ses petits bricolages toute seule. Pour elle, la maison, c’est un petit cocon. Tu vois bien, quand on va en vacances, elle met toujours au moins trois jours à trouver le sommeil, elle est perdue. J’espère qu’elle va un peu s’ouvrir, mais si elle garde ce caractère, je n’aurai jamais le cœur de la catapulter loin de nous. Peut-être plus tard, après le bac. On verra le moment venu. »

Opposition contraire

« Ce serait prendre un risque trop important. Aujourd’hui, le plus important, c’est le réseau. On a la chance que nos enfants soient dans de bonnes classes, fréquentent les enfants de gens influents. Tu vois bien autour de nous, et nous-mêmes d’ailleurs. Grâce à qui on a obtenu nos postes ? À des gens qu’on a connus au lycée, qui sont restés nos amis, ou au moins des connaissances, des numéros de téléphone potentiellement exploitables. Les années entre 14 et 20 ans, ce sont les années, où on se fait les potes qu’on gardera toujours. Extraire nos enfants de leur tissu social à cet âge-là, c’est délétère. Il faut qu’ils prennent racine dans le monde des gens qui comptent. Si le lycée où on les mettra est aussi bon qu’on le dit, ne t’inquiète pas, l’anglais, ils l’apprendront bien – et très certainement, on y organise aussi des séjours linguistiques. »