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Henry David Thoreau en 1879. © Library of Congress

Analyse

Où l’essentiel advient

Alexandre Lacroix publié le 28 mars 2020 10 min

Walden ou la Vie dans les bois, de Henry David Thoreau, où l’on découvre combien la solitude est politique et que le monde naturel nous pourvoit en raisons de vivre, pour peu que nous prenions le temps de le regarder.

 

Walden ou la Vie dans les bois est l’un de ces ouvrages du XIXe siècle qui risquent de rester muets pour nous, à cause de son rythme. Il fut écrit dans un monde plus lent et plus patient que le nôtre, dans une société d’avant l’électrification. Le tempo de la prose de son auteur, Henry David Thoreau [1817-1862], est celui du rabot qui arrondit les bords d’une planche, du sarclage d’un potager, étranger aux trépidations de l’armature technologique de notre époque. Si bien que d’ordinaire, nous avons les nerfs trop agacés pour le lire vraiment, pour en apprécier la sève.

Curieusement, dès le premier jour de la quarantaine, en parcourant les rayonnages de ma bibliothèque à la recherche d’un livre que j’aurais envie de relire, c’est Walden qui m’a attiré. Je me suis dit que la temporalité arrêtée du confinement me permettrait de replonger dans cette lecture ; mais aussi que ce livre inclassable m’aiderait à vivre vraiment l’expérience de la quarantaine, à ne pas seulement la subir. Au-delà de l’actualité inquiétante, l’œuvre de Thoreau rouvre une dimension manquante dans le discours médiatique, celle du spirituel. « Le temps n’est que le ruisseau dans lequel je vais pêchant, écrit Thoreau. J’y bois ; mais tout en buvant j’en vois le fond de sable et en découvre le peu de profondeur. Son faible courant passe, mais l’éternité demeure. » Walden, c’est d’abord une invitation à regarder par transparence à travers le mince filet de notre agitation ordinaire.

La liberté plutôt que la sécurité

Tout commence par une expérience, car Walden ou la Vie dans les bois est un essai de philosophie pratique. Les premières lignes posent le cadre, qui n’est pas celui de la quarantaine forcée, mais plutôt de la retraite délibérée, d’un éloignement provisoire de la vie sociale : « Quand j’écrivis les pages suivantes, ou plutôt en écrivis le principal, je vivais seul, dans les bois, à un mille de tout voisinage, en une maison que j’avais bâtie moi-même, au bord de l’étang de Walden, à Concord, Massachusetts, et ne devais ma vie qu’au travail de mes mains. » C’est, étrangement, un jeune homme de 28 ans qui s’exprime avec cette autorité.

“Le temps n’est que le ruisseau dans lequel je vais pêchant. J’y bois ; mais tout en buvant j’en vois le fond de sable et en découvre le peu de profondeur. Son faible courant passe, mais l’éternité demeure” Henry David Thoreau

 

Thoreau a construit une cabane de rondins en forêt, afin d’y passer de longs mois en n’accomplissant que « les actes essentiels de la vie ». Il va y rester un peu plus de deux ans, du 4 juillet 1845 – jour de la fête de l’indépendance américaine – au 6 septembre 1847. Épreuve initiatique, exploration de soi-même et de l’espace immense de la pensée dans un environnement sauvage, Walden est irrigué par une certaine conception de la philosophie, comme travail sur soi-même et quête de sagesse, que l’on trouve déjà chez les auteurs anciens, chez les Grecs, chez les Romains, avant que le support principal de l’activité de réflexion ne devienne, à partir de l’humanisme en Occident, la lecture et l’écriture. Nourri de culture classique, Thoreau recherche une unité profonde de la pensée et de la vie : « Être philosophe ne consiste pas simplement à avoir de subtiles pensées, ni même à fonder une école, mais à chérir assez la sagesse pour mener une vie conforme à ses préceptes, une vie de simplicité, d’indépendance, de magnanimité, et de confiance. » On peut juger du bien-fondé d’une doctrine à la forme générale que prend la vie de son auteur : voilà un énoncé familier aux classiques comme à Thoreau, qui n’a plus tellement cours dans la modernité. Si l’idéal de simplicité, d’indépendance était déjà présent chez Épicure, si Marc Aurèle louait la magnanimité, Thoreau poursuit néanmoins un but moral nouveau et typique de la civilisation américaine : il aspire à un rapport confiant avec le monde. Si vous abordez votre entourage et votre milieu naturel sans hostilité, vous pourrez prendre appui sur eux. De la confiance dépend la liberté – car il n’y a pas de liberté intérieure possible, tant qu’on craint pour sa sécurité.

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