Passions au scalpel
Le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier adapte avec brio l’une des pièces rarement montées d’Arthur Schnitzler : “Professeur Bernhardi”. Une leçon de désillusion portée par une troupe extraordinaire.
Arthur Schnitzler (1862-1931) écrit, avec l’acuité des médecins, ce déniaisement qu’apprennent la pratique de l’humain et la fréquentation des organes. Son Professeur Bernhardi (1912) oscille entre la noire désespérance et l’éclat caustique. Le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier s’appuie sur l’excellente troupe de la Schaubühne de Berlin, dont le remarquable Jörg Hartmann, pour donner une interprétation amère de ce texte rarement monté. La pièce débute par un dilemme moral : le professeur Bernhardi, directeur d’une clinique, a pris en charge une jeune femme mourant de septicémie après un avortement. Ses heures sont comptées, mais elle, en pleine extase, l’ignore. Sans avertir quiconque, une infirmière a sollicité un prêtre pour l’extrême-onction. Le professeur lui interdit d’entrer dans la chambre de la patiente, car sa simple vue lui mettrait immédiatement la mort en face. Faut-il lui donner les derniers sacrements quitte à la terroriser ou la laisser mourir d’une douce ignorance ? La sollicitude sans catéchisme de ce médecin libéral déclenche une cabale. Le procès qui lui est fait, pour entrave à la liberté de culte, prend des airs d’antisémitisme, car Bernhardi est juif, et l’antisémitisme sert les ambitions de ses collègues. Pris dans cette spirale, le professeur refuse, non sans orgueil, d’endosser le rôle du martyr que certains trouvent politiquement utile de lui coller. Thomas Ostermeier ausculte nos passions mauvaises dans un décor immensément blanc. Le lâche en nous tortille sur son siège ; lui signe un nouveau coup de maître ainsi qu’une leçon de désillusion.
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