Pendant que j'y pense

Catherine Portevin publié le 2 min

C’est un fait : l’appétit des lecteurs pour la philosophie ne se dément pas. Mais pourquoi le satisfaire avec des portions light, façon Nouvelle Cuisine, nommées « petite philosophie ». Par « petite », entendez sans prétention, sans jargon, appliquée à des sujets décalés ou issus de la vie ordinaire : le bonheur, l’amour, l’entreprise, les histoires drôles, la créativité, la marche à pied… La petite philosophie est légère, sympa, subjective, positive, pas prise de tête, actuelle, amusante… et brève, car le bref se vend bien, à prix modique pour bourses en berne. Nous n’avons a priori rien contre ces « petites philosophies », où se trouvent parfois des pépites, mais on se demande si, à force, le filon ne s’épuise pas. Ou plutôt si le filon peut durablement être d’or s’il n’est exploité avec art, sérieux et précision. En 1995, un livre a inauguré ce mouvement de la « petite philosophie » : le Petit Traité des grandes vertus, d’André Comte-Sponville. Et parmi tous les petits traités et petites pensées parus en cette fin 2012, une collection continue de surnager : les « Petits Carnets de philosophie » (La Librairie Vuibert), simples recueils de citations bien choisies, parfaitement présentées, sur l’amour, la connaissance, la mort, la liberté, la morale, la politique. L’auteur ? André Comte-Sponville, forever ! Bien sûr, le philosophe recycle un procédé éprouvé. Bien sûr, on aura l’air grincheux à célébrer les gloires anciennes plutôt qu’à dénicher les jeunes talents. Qu’importe : André Comte-Sponville est un bon maître. Savant, avec plume élégante, esprit clair, souci de transmettre. Que demander de mieux ? En tout cas, voici, pour cette fin d’année, une brassée de petits et grands livres, minces et épais, précieux, originaux, secrets ou incontournables pour appétits de gourmets.

Expresso : les parcours interactifs
Comme d'habitude...
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