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Peter Sellars à l'Opéra Bastille à Paris, 2018. ©Stéphane De Sakutin / AFP

Opéra

Peter Sellars : “Si le public hue à la fin, ce n’est pas forcément mauvais !”

Peter Sellars, propos recueillis par Victorine de Oliveira publié le 09 février 2024 11 min

Du 9 février au 7 mars, l’opéra Bastille à Paris ressuscite un opéra oublié de Vincenzo Bellini, Beatrice di Tenda. L’occasion de rencontrer son metteur en scène, Peter Sellars. L’Américain aimerait que ce spectacle soit l’occasion, pour le spectateur, de s’interroger sur le retour de l’autoritarisme partout dans le monde. Et n’a rien contre un gros scandale… Entretien.


Avant d’accéder à la salle de répétition où les derniers ajustements ont lieu, il faut traverser d’impressionnants volumes derrière le plateau principal de l’opéra Bastille. On croise la reproduction d’un escalier, une véritable voiture, puis un tracteur – les agriculteurs, alors en pleine tentative de blocage des accès à Paris, n’ont pourtant pas encore pris la Bastille, que l’on sache. On arrive enfin sur ce qui ressemble déjà à une scène avec son décor final fraîchement livré. Les chanteurs commencent tout juste à se familiariser avec le jardin de métal d’un palais de dictateur. La jovialité de Peter Sellars, tout en collier de perles et chemise à motifs, tranche avec la froideur du plateau, où ce ne sont que haies tranchantes et arbres anguleux. Après une mise en scène de Tristan et Isolde de Wagner devenue un classique depuis sa création en 2005, avec les vidéos hypnotiques et monumentales de Bill Viola, ou encore un Don Giovanni de Mozart situé dans les rues de Harlem en 1990, le metteur en scène américain s’attaque à son premier opéra italien. Beatrice di Tenda raconte une tragédie, celle de l’épouse du duc de Milan, accusée à tort d’adultère par son mari qui cherche à réduire son influence politique. Au terme d’un procès inique et de multiples tortures, il la fera condamner à mort. À sa création en 1833, l’opéra de Vincenzo Bellini fait un flop et n’a droit qu’à trois représentations. Contrairement à Norma, pas de tube à la « Casta Diva » pour faire entrer Maria Callas dans la légende. Reste un bel canto vertigineusement périlleux – la soprano Tamara Wilson qui incarne Beatrice a la partition la plus redoutable – et une héroïne qui porte la résistance à l’oppression, qu’elle soit intime ou politique.

 

Pourquoi monter cet opéra tombé dans l’oubli vous tenait-il tant à cœur ?

Peter Sellars : Il a été écrit à une période intéressante, celle de l’Europe de 1830. C’est un moment un peu suspendu, une vingtaine d’années avant la révolution de 1848 en France. Le monde a besoin de changer, d’énormes transformations sont nécessaires face à des monarchies sclérosées qui se traînent en longueur, mais rien ne bouge. En Italie, l’arrivée de l’armée autrichienne en 1831 étouffe tout et écrase tous les mouvements d’indépendance. C’est ce moment que Bellini choisit d’illustrer, à la façon de Beethoven avec son unique opéra Fidelio. Beatrice di Tenda est toutefois le contraire de Fidelio, qui met en scène la libération de prisonniers. Chez Bellini, on a affaire à un dictateur qui ne montre aucune clémence, faisant au contraire la démonstration de sa violence et de son désir de vengeance, une situation qui résonne avec ce qu’il se passe à Gaza ou en Ukraine. C’est un opéra qui baigne dans une atmosphère de colère et de tristesse, parce qu’il évoque le meurtre, la torture et la justice corrompue.

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