Sénèque, la vie devant soi
Alors que l’accélération de nos rythmes quotidiens nous donne le sentiment de ne pas avoir le temps de vivre, la lecture d’un court texte de Sénèque, De la brièveté de la vie, qui paraît dans une nouvelle traduction aux éditions 1 001 Nuits, nous éveille à la question du temps et à la nécessité d’en faire bon usage. Un livre d’une actualité intacte, même après près de deux millénaires, pour sortir de la déploration répétée devant la vie qui passe trop vite.
Pourquoi la vie nous semble-t-elle toujours trop courte ? Pourquoi le temps qui passe nous échappe-t-il autant, au point d’avoir l’impression que lorsqu’on en fait le bilan, nous n’avons rien fait de nos existences ? Pourquoi n’avons-nous jamais le temps de vivre ? « On croit qu’il est midi mais le jour s’achève », chante Gérard Manset dans Revivre, quand Johnny Hallyday entonne, lui, « j’ai oublié de vivre », et Georges Brassens, « le temps d’apprendre à vivre et il est déjà trop tard ».
À ces questions tenaces, dont la culture populaire contemporaine porte les traces, la lecture d’un bref texte du philosophe latin Sénèque, De la briéveté de la vie, écrit il y a près de deux mille ans (vers 49 apr. J.-C.) apporte une lumière revigorante. La souffrance devant le temps qui passe, le sentiment d’aliénation et de dépossession de soi, forment des problèmes universels, que les mots d’un penseur stoïcien de la Rome antique ont capté entièrement, sans que rien dans l’histoire n’ait modifié fondamentalement le problème.
“La vie n'est pas trop courte, c'est nous qui la perdons”
La réédition aux éditions 1 001 Nuits de ce texte de Sénèque adressé à son beau-père Paulinus invite à puiser dans la sagesse antique des ressources jamais taries pour sortir de la déploration devant la vie qui passe trop vite ; une déploration d’autant plus vive aujourd’hui qu’elle est traversée par la fameuse accélération de l’histoire, analysée par Hartmut Rosa. Réfléchissant à cette expérience commune de la vie brève, Sénèque déplace la question vers une méditation sur le concept de temps, et sur la nécessité d’en faire un usage intelligent et approprié. Grâce à la philosophie, la douleur d’une vie brève fera place à la joie d’une vie intense.
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