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© Édouard Caupeil pour PM

Souleymane Bachir Diagne: “L’œuvre de civilisation vient de commencer”

Philippe Nassif publié le 19 janvier 2012 12 min

C’est l’une des étoiles montantes de la philosophie, mais il a fallu qu’il traverse l’Atlantique pour trouver la reconnaissance. Entre Dakar, Paris et New York, Souleymane Bachir Diagne s’est imposé comme le grand penseur du métissage. Qu’il enseigne l’islam avec Bergson, la mémoire coloniale avec Derrida ou l’identité africaine avec Senghor, l’hybridation des traditions est pour lui le ressort et la chance de notre temps.

Alors que Souleymane Bachir Diagne s’attable à la cafétéria du musée du Quai-Branly, il nous vient à l’idée que le slogan du musée – « Là où dialoguent les cultures » – lui correspond mieux qu’à un autre. C’est que le principe de métissage ne gouverne pas seulement l’œuvre du philosophe sénégalais, né en 1955 : il guide d’abord sa vie même. Souleymane Bachir Diagne a vécu en France, où, étudiant à Normale Sup’, il vouait autant d’admiration à ses deux professeurs, pourtant si différents : Louis Althusser et Jacques Derrida. Il habite désormais aux États-Unis où il s’est initié à la logique et où, depuis 2001, il enseigne la philosophie de l’islam. Et bien sûr, il séjourne régulièrement à Dakar, où il a grandi, a enseigné une quinzaine d’années et a été un conseiller du président Abdou Diouf de 1993 à 1999. Musulman pratiquant, philosophe intransigeant et intellectuel (discrètement) engagé, il est capable d’éclairer les étudiants américains sur la pensée d’Averroès, de s’exprimer en France pour appeler l’État à mieux reconnaître ses populations immigrées, ou d’intervenir à la télévision sénégalaise pour rappeler au président Wade que le « rythme naturel des démocraties » lui impose de quitter le pouvoir au bout de deux mandats. Durant notre entretien, le ton est tour à tour calme, enjoué, tranchant. Il témoigne à la fois d’une rigueur intellectuelle et d’une sagesse spirituelle qui impriment à ses propos une courbe inattendue : ample mais mesurée, concrète et pourtant élancée. Loin, en tout cas, du relativisme culturel qui fait l’ordinaire des études postcoloniales, comme du dogmatisme trouble qu’articule un Tariq Ramadan. C’est que la philosophie de Souleymane Bachir Diagne déploie en fait une contre-histoire du dernier siècle : là où il apparaît que la pensée de Bergson a provoqué une profonde émancipation intellectuelle en Afrique et en Inde. Et où le présent ne prend consistance qu’à s’appuyer sur un futur commun qui, avec insistance, nous appelle. Décidément, Souleymane Bachir Diagne est une voix qui en France manque. Pour le moment.

 

En six dates 

  • 1955 Naissance à Saint-Louis (Sénégal)
  • 1978 Agrégation de philosophie à l'École normale supérieure
  • 1982 Revient à Dakar pour enseigner à l'université Cheikh-Anta-Diop
  • 1993 Devient le conseiller du président Abdou Diouf
  • 2001 S'installe aux Etats-Unis pour y enseigner la pensée de l'islam
  • 2011 Professeur à l'université de Columbia, à New york

Vous avez plusieurs fois exprimé la nécessité pour la France de pleinement reconnaître son histoire coloniale. En quoi est-ce essentiel ?

Souleymane Bachir Diagne : Cela permettrait à la France de faire montre de sa capacité à accueillir véritablement ceux qui vivent sur son sol. De rappeler aux enfants d’immigrés, comme l’a fait avec force Jacques Chirac en 2005 lors de la crise des banlieues : « Vous êtes tous des enfants de la République. » C’est une blessure importante que d’avoir le sentiment que sa mémoire n’est pas reconnue. Il ne s’agit pas de tomber dans un mauvais communautarisme juxtaposant les mémoires et organisant une compétition entre elles. Mais de s’affirmer comme une société ouverte.

 

Certains vous répondront qu’à trop s’ouvrir, une société ne sait plus qui elle est, ni où elle va.

C’est que le débat sur l’identité française a été mal posé par le gouvernement de Nicolas Sarkozy. L’identité est d’abord une façon d’aller ensemble dans une même direction et non une manière statique de compter, de dire, de décliner notre pedigree, pour faire le tri entre ceux qui sont plus ou moins français. Je sais qu’on a tendance en France à caricaturer le communautarisme anglo-saxon en l’opposant complaisamment à une République aveugle aux différences. C’est une erreur. La force d’intégration des États-Unis, par exemple, est que l’identité se définit comme une idée prospective : on intègre ce pays en intégrant le rêve américain. Même si ce rêve ne correspond pas toujours à la réalité, il y a là quelque chose d’essentiel à quoi nous devons être attentifs.

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Comment résister à la paraphrase ?
« Éviter la paraphrase » : combien de fois avez-vous lu ou entendu cette phrase en cours de philo ? Sauf que ça ne s’improvise pas : encore faut-il apprendre à la reconnaître, à comprendre pourquoi elle apparaît et comment y résister ! 
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Article issu du magazine n°56 janvier 2012 Lire en ligne
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