Hors-série "Stoïcisme"

Stoïcisme et christianisme

Octave Larmagnac-Matheron publié le 4 min

Appel à l’endurance, à une vie sobre, acceptation de la mort… : à sa naissance, le christianisme semble s’apparenter au stoïcisme. Mais une question les oppose : la volonté, remède pour les stoïciens, source des maux pour les premiers chrétiens. Et la souffrance ; l’ascète chrétien y acquiesce, tandis que le stoïcien entend la dominer. Présentation de deux faux frères…

 

Le conflit des ascétismes

Stoïcisme et christianisme ont, assurément, un air de famille. Et, si le premier remonte à la Grèce antique, il se développe sous sa forme romaine, impériale, en la personne de Sénèque notamment, au moment même où saint Paul prêche à Rome. Acceptation de la mort, sobriété de vie, patience, endurance… les points de rapprochement ne manquent pas. Mais un mot, plus que les autres, joue un rôle essentiel dans cette articulation : apatheia – l’impassibilité, l’absence de passion – que l’on trouve aussi bien chez les stoïciens que chez les premiers chrétiens. Un petit mot qui est, cependant, plus ambigu qu’il n’y paraît, et dont les interprétations chrétiennes ont projeté sur le stoïcisme un voile d’ascétisme qu’il ne méritait sans doute pas.

"Pour les stoïciens, la volonté est essentielle ; elle corrige les représentations erronées qui sont la source de nos souffrances"

 

Indéniablement, si tout l’enjeu est, comme le dit Marc Aurèle, de « ne point se guider, même pour un instant, sur autre chose que la raison », les stoïciens promeuvent une forme d’impassibilité : c’est une composante essentielle de l’ataraxie, l’absence de trouble que doit viser le sage. La logique est pourtant fort différente de celle des premiers chrétiens, qui invitent à vivre « sans passions et sans besoins » (Justin), « sans mouvements et sans passions » (Athénagore). Les stoïciens ne considèrent aucunement que l’on peut arracher, en l’homme, la racine de ses passions : seul compte ce que nous en faisons, la manière dont nous les disciplinons. Et, dans cet effort de discipline, la volonté joue un rôle essentiel : elle agit pour corriger les représentations erronées qui sont la source de nos souffrances, de notre pâtir.

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