Stratagème n°16. Déshonorez votre adversaire

Nicolas Tenaillon publié le 2 min

Comment s'en servir

Un moyen efficace (et des plus retors) pour l’emporter dans un débat consiste à pratiquer le déshonneur par association. Il s’agit de montrer que les arguments de votre interlocuteur sont mauvais parce que similaires à ceux employés par une personne réputée infréquentable. Par exemple, votre adversaire soutient qu’on doit boycotter les oscars parce que les choix sont trafiqués par les grands producteurs hollywoodiens. Rétorquez : « Vous êtes antiaméricain ? Tiens, comme Mahmoud Ahmadinejad ! Voilà qui ne m’étonne pas… » La force de l’argument est de faire retomber sur votre contradicteur l’image négative d’un individu disqualifié. On dirige alors l’attention de l’auditoire sur le rapprochement de personnalité suggéré, escomptant ainsi que le contenu des arguments jusque-là avancés sera oublié. On peut aller jusqu’à oser l’allusion à des criminels ou à des dictateurs. C’est pourquoi d’ailleurs cet argument est appelé « reductio ad hitlerum ». Pour ne pas déclencher l’ire de son rival, ce stratagème est souvent dépersonnalisé et rattaché à une doctrine ou à une période historique unanimement condamnée : « On disait aussi cela dans les années 1930… » Bref, en collant à votre adversaire de tristes souvenirs, vous avez de grandes chances de ternir son image auprès du public et de rendre dérisoire son argumentation.

Expresso : les parcours interactifs
Comment résister à la paraphrase ?
« Éviter la paraphrase » : combien de fois avez-vous lu ou entendu cette phrase en cours de philo ? Sauf que ça ne s’improvise pas : encore faut-il apprendre à la reconnaître, à comprendre pourquoi elle apparaît et comment y résister ! 
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