“Tromperie” : jeu de l’ego
“L'esprit est une sorte de théâtre”, écrivait David Hume. Une sentence que le réalisateur Arnaud Desplechin a peut-être fait sienne en adaptant Philip Roth dans son dernier film, où les personnages prennent un malin plaisir à se retourner contre leur créateur-narrateur. Toujours est-il que ses acteurs et lui sortent ici le grand Je !
« La seule chose que je puisse avancer sans hésiter, c’est que je n’ai pas de “moi” et que je refuse de faire les frais de cette farce. [...] Je suis un théâtre, et rien d’autre qu’un théâtre », écrit Philip Roth. En lecteur féru du romancier américain, Arnaud Desplechin lui consacre son nouveau film, Tromperie, adapté d’un livre écrit en 1990 et constitué d’une série de dialogues avec des personnages féminins, réels ou fantasmés. Denis Podalydès joue le rôle de Philip, le double fictionnel de l’écrivain, Anouk Grinberg celui de son épouse et Léa Seydoux celui de son amante. Cette distribution remarquable se réunit donc sur la scène d’un monde en représentation, où le moi n’existe pas, sinon comme le lieu où défilent toutes nos émotions et sensations. Comme l’écrit le philosophe David Hume, « l’esprit est une sorte de théâtre, où des perceptions diverses font successivement leur entrée, passent, repassent, s’esquivent et se mêlent en une variété infinie de positions et de situations. Il n’y a pas en lui à proprement parler de simplicité à un moment donné, ni d’identité à différents moments ». Le film repose justement sur cette complexité, voire ces contradictions, et le bureau de l’écrivain à Londres en reste le décor principal. Entre ces murs, les personnages pirandelliens s’inventent, en s’affranchissant du rôle que le créateur leur attribue, quitte à se retourner contre lui. Ainsi, Philip se retrouve-t-il au tribunal face aux femmes qui l’accusent de misogynie lors d’un procès non sans écho avec la réalité… En témoignant de son admiration pour le « jeu » littéraire de Philip Roth, le cinéaste poursuit aussi sa réflexion sur la création fictionnelle. Car où est la tromperie en littérature ou au cinéma ? Et quand se laisse-t-on piéger par le mensonge ?
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