Vous avez dit psyché ?
Chaque année la Fondation Singer-Polignac accueille une journée de rencontres en partenariat avec l’hôpital Saint-Anne. Le 15 octobre, intellectuels venus des sciences neuropsychiatriques et des sciences humaines dialogueront de ce que peut signifier “lire le cerveau” et “lire la psyché”. Entretien avec la psychiatre Astrid Chevance et la chercheuse en lettres Anaëlle Touboul, organisatrices du colloque.
Astrid Chevance : Historiquement le service de psychiatrie de l’hôpital Saint-Anne organise un colloque interdisciplinaire à la Fondation Singer-Polignac, chaque année. C’est une tradition d’ouverture sur les sciences humaines. L’an dernier, la conception du programme m’a été confiée, pour laquelle Anaëlle Touboul m’a rejoint.
Anaëlle Touboul : Astrid a une formation de sciences humaines – une agrégation d’histoire et un master de sociologie – puis de psychiatrie. J’ai de mon côté une formation littéraire dont l’objet est partagé avec la psychiatrie, puisque je travaille sur la représentation des troubles mentaux. Nos parcours se sont croisés autour de cet objet : la « psyché ».
A.C. : Jean-Pierre Olié, académicien et professeur émérite de psychiatrie à Saint Anne, qui participe de notre conseil scientifique, nous a invité à parler du cerveau et de la psyché. Nous avions l’idée de construire un sujet qui articule les deux sans parti pris neuroscientifique. La psyché est en soi un terme polysémique : l’organe serait le cerveau et son fonctionnement, la psyché. Mais dire que la psyché est l’une des fonctions supportées par l’organe est déjà une interprétation ! Le terme de psyché permet d’élargir le cadre étroit du psychisme et d’y intégrer le point de vue des sciences humaines.
A.T. : La psyché renvoie aussi à un cadre littéraire et artistique. C’est une forme de métaphore, une figure allégorique et mythologique, puisque Psyché est aussi un personnage. La psyché c’est également l’objet propre du discours fictionnel, ce qui demeure insaisissable et que le discours permet cependant d’approcher. Cet objet d’introspection relèverait ainsi de la compétence du littérateur.
« Psyché, présent dans la littérature classique, est actuellement un mot évacué de la psychiatrie. Il n’existe plus »
Astrid Chevance
Pour la psychiatre Astrid Chevance, spécialiste de la dépression et chercheuse en épidémiologie clinique, le désordre apparent du trouble…
Cet accessoire fait bien plus que changer l’aspect de celui qui le porte, il transfigure sa psyché. Généalogie d’une arme de protection massive,…
On n’imagine pas Socrate marmonnant des incantations et agitant des breloques. Pourtant, son usage du langage a troublé les esprits aussi efficacement que la plus puissante drogue psychédélique. Ainsi, tel un guérisseur, il permet à nos…
Avital Ronell a sa conception de l’activité philosophique : il s’agit d’avoir une agence de détectives et de traquer les zones d’ombre des grandes théories, pour confondre ces criminels que sont les penseurs… Une approche déconcertante,…
Utiliser des drogues psychoactives pour refermer les portes de la dépression en plus d’ouvrir celles de la perception ? De nombreux médecins et…
L’inconscient échappe par définition à la conscience. Mais n’y a-t-il pas malgré tout des moyens, directs et indirects, d’accéder à une forme de…
Étudiant en cinéma, rock star avec The Doors, chaman envoûtant les foules presque malgré lui, poète en exil à Paris… Jim Morrison a endossé de…
Dans le cadre de l’émission d’Arte Les Idées larges, dont Philosophie magazine est partenaire, Vinciane Despret nous invite à envisager de…