Penser, c’est dire non ?
Pour gagner notre liberté, pour nous affranchir des puissances qui veulent nous guider ou nous asservir, nous devons sans aucun doute faire usage de la négation. Non pas d’une négativité systématique, d’une posture d’opposition constante et stérile, mais tout de même : il convient de savoir s’opposer à bon escient à ce qu’on attend de nous, quand le contexte l’exige. C’est à cet usage du « non » que nous avons voulu réfléchir dans ce dossier.
> Et si dire non n’était pas une simple opposition vaine mais au contraire la promesse de forger son identité et de constituer un collectif ? Telle est la thèse que propose, pour commencer, notre rédacteur en chef Martin Legros.
> De la distance ironique à la désobéissance civile, en passant par l’obéissance outrée qui ridiculise l’arbitraire des autorités, les philosophes classiques ont inventé de nombreux stratagèmes pour dire non, en se plaçant non pas face à l’adversaire mais à côté ou au-dessus de lui.
> Une violoniste qui se rebelle contre un professeur abusif, une irréductible anarchiste, un homme qui s’est éloigné du monde du travail, un enfant de la bourgeoisie devenu artiste, une militante qui pratique l’action de rue : nos cinq témoins, dont les parcours sont éclairés par le philosophe Maxime Rovere, racontent les splendeurs et les galères de la résistance.
> Faudrait-il réhabiliter la colère pour en faire une vertu politique ? C’est la proposition de la philosophe Sophie Galabru.
> Finalement, faire usage de sa pensée est ambigu. L’esprit critique nous permet d’échapper à la servilité et à l’obéissance mécanique… mais ne nous précipite-t-il pas parfois dans le complotisme ou dans des défiances absurdes ? Ce sont les questions dont ont débattu l’anthropologue Dan Sperber et le sociologue Gérald Bronner.
Articles de ce dossier
De #metoo aux démissionnaires des grandes écoles et des entreprises, les appels à faire sécession s’amplifient dans notre société engluée dans ses…
Les philosophes ont su imaginer des voies pour s’opposer à l’autorité de façon habile, c’est-à-dire sans entrer en collision frontale avec elle…
Nos cinq témoins ont tous refusé de se soumettre – à la hiérarchie, à un destin tout tracé, à la violence de la société. Une façon d’affirmer…
La démocratie n’est pas le refus du conflit. Bien au contraire ! Telle est la thèse défendue par la philosophe Sophie Galabru, qui réhabilite…
La raison nous permet-elle de critiquer les autorités politiques, médiatiques ou scientifiques, et de forger notre propre avis en toute…