Avoir le temps. Essai de chronosophie

Une recension de Victorine de Oliveira, publié le

À moins d’un malheur, l’avenir nous réserve une sacrée quantité de temps. Et pourtant, nous nous plaignons con­stamment d’en manquer. À quoi tient ce paradoxe ? C’est que les heures devant nous ont perdu en qualité, estime Pascal Chabot. Après avoir longuement vécu sous les régimes du Destin et du Progrès, la majeure partie de l’humanité vit désormais sous le joug de l’Hypertemps et du Délai. Avec le Destin, « la puissance, la force irrésistible, l’éternelle loi qui dictait le cours des choses », le temps avait « son maître ». Chabot lui attribue l’image d’une coquille en spirale, mystère naturel dans lequel le temps joue d’une manière qui nous dépasse. Le Progrès se met en place avec les avancées technologiques et leur promesse d’un avenir meilleur. Avoir le temps, c’est désormais « le mesurer, le chiffrer, se le faire indiquer » : voici le règne des horloges, de la montre et de leurs ressorts. C’est sous le régime de l’Hypertemps et du Délai que l’on perd pied, pris dans le vertige de spirales qui ne mènent nulle part si ce n’est au burn-out. Face à ces quatre règnes, le philosophe propose celui de l’Occasion, qui ressemble au kairos grec. Une invitation à se réapproprier plus intimement ce temps qui nous échappe d’autant plus que nous essayons de le maîtriser.

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