Baltiques: Œuvres complètes 1954-2004

Une recension de Alexandre Lacroix, publié le

Lorsque l’Académie de Stockholm a remis, en 2011, le prix Nobel de littérature à Tomas Tranströmer, la presse française a réagi par l’incompréhension. Le fait que Tranströmer soit complètement inconnu et suédois alimentait le soupçon de favoritisme, et j’avoue avoir eu la même méfiance. Quelle erreur ! L’œuvre poétique de Tranströmer est tout simplement vertigineuse d’exigence, de perfection, de concision, de discrétion. Tout ce qu’il a publié en cinquante ans tient dans un petit volume. Comment approcher ces vers libres ? Tranströmer ne ressemble pas à Victor Hugo ni à Arthur Rimbaud. Il n’y a pas de lyrisme chez lui, et très peu d’épanchement subjectif ; ce ne sont pas ses sentiments qui coulent sur la page. Panthéiste, il saisit la beauté du monde et de la nature à travers des images. Qu’il proclame, dans la première phrase de son premier poème, « l’éveil est un saut en parachute hors du rêve », ou qu’il décrive les vagues comme « des lynx pâles, cherchant vainement un appui sur le gravier des plages », il est toujours dense et percutant, jamais dans le cliché. Nul étonnement qu’il se soit, dans les dernières années, mis au haïku – un art japonais du poème bref où il s’est imposé comme un maître. Une œuvre à rencontrer : elle ne raisonne pas, mais éclaire.

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