Comment la terre s’est tue. Pour une écologie des sens
Une recension de Martin Legros, publié leL’écologie politique se présente souvent comme une complainte culpabilisante. Elle nous livrerait au constat d’une catastrophe annoncée dont nos modes de vie et de pensée prédateurs seraient responsables. L’intérêt de la démarche de David Abram, qui a été prestidigitateur itinérant avant de devenir une figure de l’écologie contemporaine, titulaire de la chaire Arne-Næss à l’Université d’Oslo, est de nous faire sortir de ce cadre « humaniste larmoyant » – au sens où l’humanité y décide, pour le pire, de la forme de son environnement –, pour adopter un point de vue « métaphysique inspiré ». Il s’agit de creuser plus profond tout en adoptant la position d’un joyeux enquêteur. Si la terre s’est tue, écrit Abram, si nous n’entendons plus les esprits du vent et des éléments, ce n’est pas seulement que nous les avons fait disparaître, c’est que, sous le coup d’une histoire longue, où la Bible autant que la philosophie ont leur part, le monde lui-même a peu à peu cessé de nous parler. Selon lui, nous avons transposé dans l’expérience de la lecture cette « interaction animée » que les humanités archaïques entretenaient avec la Terre : « De même que jadis les animaux non humains, les plantes et même les rivières “inanimées” parlaient à nos ancêtres tribaux, aujourd’hui les lettres “inertes” sur la page nous parlent. C’est une forme d’animisme que nous considérons comme allant de soi, mais ce n’en est pas moins de l’animisme – aussi mystérieux qu’une pierre qui parle. » Est-ce à dire que nous ne pouvons plus entrer en résonance avec la Terre ? Loin s’en faut.
À travers une relecture fine de Merleau-Ponty et de Heidegger, Abram nous convainc qu’en dépit du fait que nous ne croyons plus aux esprits des lieux, nous continuons, via la perception sensible du bleu d’un ciel, par exemple, d’entretenir un rapport participatif d’envoûtement avec le visible. Dans un monde de plus en plus technique, c’est même, dit-il, la dernière pierre de touche dont nous disposons : « Sans l’oxygène et le souffle des forêts, sans l’étreinte de la pesanteur, sans la magie tumultueuse des rivières, nous n’avons aucune distance par rapport à nos technologies, aucune possibilité d’évaluer leurs limites, aucune manière d’éviter leur emprise. » La force de cette pensée et de la prose magnifique d’Abram est de faire parler à nouveau le mystère des rivières, des arbres et du vent… avec des mots !
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