Gaspard Kœnig : “Il n’y a pas de vie sur terre sans vie sous terre”
Les vers de terre sont en péril, et avec eux la biodiversité. Une étude récente met en cause les effets délétères du glyphosate, dont l’autorisation dans l’Union européenne a récemment été prolongée. « Les vers de terre sont des alliés plus précieux que le glyphosate pour la santé de notre planète et de ses habitants », renchérissent les auteurs d’une tribune. Gaspard Kœnig, l’un des signataires, revient sur l’importance décisive des lombrics, sujet de son dernier roman Humus, sélectionné dans la liste des finalistes du prix Goncourt.
Comment vous est venue l’idée d’écrire sur les vers de terre ? C’est un sujet plutôt inhabituel !
Gaspard Kœnig : Je voulais écrire un roman d’apprentissage contemporain. Au XIXe siècle, les héros pouvaient rêver de gloire militaire, de richesse, de succès littéraire. Aujourd’hui, pour beaucoup, l’enjeu est plutôt de sauver le monde. Je cherchais donc un point d’entrée dans cette question écologique. Et il se trouve qu’au même moment, j’ai commencé un potager à la campagne. Je suis devenu familier des vers de terre. Je me suis documenté, d’abord par curiosité. Et j’ai découvert leur rôle absolument fondamental – en même temps que je constatais, assez effaré, le peu d’attention qu’on leur accorde. Les lombrics jouent un rôle absolument primordial dans la fertilité des sols et, par conséquent, dans la possibilité même de la vie sur Terre. Mais ils sont invisibles – « invisibilisés » dirait-on aujourd’hui –, y compris dans les critères d’homologation des pesticides.
“L’humanité a longtemps regardé le ciel. En revanche, nous ignorons tout ou presque du fourmillement vivant sous nos pieds, de cet autre infini que nous ne regardons pas alors même que nous en dépendons”
Pourquoi accordons-nous si peu d’intérêt aux lombrics ?
L’humanité a longtemps regardé le ciel. Depuis les Grecs, il y a toutes sortes d’astronomes. Nous investissons des sommes colossales dans des télescopes, des fusées, etc. Tout cela ne sert pas à grand-chose. Les étoiles sont des astres morts. En revanche, nous ignorons tout ou presque du fourmillement vivant sous nos pieds, de cet autre infini que nous ne regardons pas alors même que nous en dépendons. La pédologie, la science du sol, est récente. Il y a des milliards de micro-organismes dans une motte de terre. Personne ne sait vraiment comment fonctionne ce tout. Les vers de terre représentent une biomasse considérable, plus lourde que les hommes, les éléphants et les fourmis réunis. Leur rôle est indispensable : ils transforment la mort en vie. La nécromasse qui se dépose à la surface est retraitée, décomposée par le sol en éléments assimilables par les plantes. C’est vraiment le moteur de la vie sur terre. Darwin a écrit son dernier livre sur les vers, La Formation de la terre végétale par l’action des vers de terre [1881]. C’est lui qui a conceptualisé le rôle des vers comme laboureurs de la terre :
« Il est merveilleux de penser que sur une telle étendue toute la masse de l’humus superficiel est passée et repassera encore, toutes les quelques années, au travers du corps de vers de terre. La charrue est une des plus anciennes et des plus utiles inventions de l’homme ; mais bien avant qu’elle existe, la terre était en fait régulièrement labourée et continue toujours de l’être par les vers de terre. On peut douter que beaucoup d’autres animaux aient joué un rôle aussi important dans l’histoire du monde que ces créatures rudimentairement organisées. »
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