Cours de philosophie en six heures un quart

Une recension de Philippe Garnier, publié le

Dans Ferdydurke, l’un des plus célèbres romans de Gombrowicz, un professeur de synthèse envoie une gifle à un professeur d’analyse pour lui faire comprendre que son visage est une totalité. Ce sens du pugilat comique fait l’originalité du Cours de philosophie en six heures un quart que l’écrivain polonais composa en 1969, quelques mois avant sa mort. De Descartes à Sartre, en passant par Kant, Hegel, Kierkegaard, Nietzsche, Marx, Husserl et Heidegger, les philosophes et surtout les concepts y apparaissent comme des catcheurs sur un ring. Avec un sens stratégique de l’essentiel, Gombrowicz met le doigt sur l’apport décisif de chaque étape de la pensée. Le Sujet, le Devenir, le Néant, l’Existence, la question de l’Être… tout s’enchaîne de façon rigoureuse et claire, comme condensé dans l’urgence d’un dernier message destiné à des non-philosophes.

À l’histoire de la philosophie qu’il connaît intimement, Gombrowicz demande avant tout de répondre à ses interrogations d’écrivain. Ne devons-nous pas craindre que les constructions de l’esprit, dans leur perfection formelle, nous éloignent du réel et du jaillissement de la vie ? Cette question apparaît à Gombrowicz comme le moteur de l’histoire de la pensée. Selon lui, chaque philosophe reproche à son prédécesseur d’avoir méconnu la réalité, d’avoir bâti un édifice insuffisant ou inutile. Il en tire l’énergie d’une nouvelle métamorphose. Avec brio, Gombrowicz parvient à faire de la philosophie le miroir de sa propre inquiétude.

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