Des vivants 

Une recension de Noël Foiry, publié le

« Il dépend de celui qui passe / Que je sois tombe ou trésor / Que je parle ou me taise. » Ces vers de Paul Valéry ornent le fronton du musée de l’Homme. L’in­stitution créée en 1937 est le principal décor de cette bande dessinée. C’est au sein de ce « musée pour l’homme » – selon les mots de son fondateur, l’ethnologue Paul Rivet, pour qui « le génie d’invention n’est pas le privilège des Blancs » – que naît l’un des premiers réseaux de la Résistance face à l’occupant allemand. Pour retracer son histoire, Raphaël Meltz et Louise Moaty se sont appuyés sur une documentation rigoureuse. Une richesse magnifiée par la narration dynamique et le graphisme tout en ellipses de Simon Roussin, qui témoigne de l’action de ce groupe issu d’horizons très variés et dirigé par l’ethnologue Boris Vildé. S’il mène des actions « classiques », c’est avant tout à une lutte culturelle qu’il se consacre : il s’agit, comme l’affirme Jean Cassou qui lance le bulletin Résistance, de « réveiller la conscience du public français ». Un combat pour lequel, prévient Vildé, ces femmes et ces hommes n’auront « rien à gagner, mais beaucoup à perdre ». Sept d’entre eux seront fusillés au mont Valérien le 23 février 1942. Leur « histoire est finie », annonce Germaine Tillion en ouverture de ce récit, pourtant, grâce à ce livre, sa portée résonne encore.

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