Essais sceptiques

Une recension de Mathilde Lequin, publié le

« Peut-on garder le poète et l’amoureux sans garder le fou ? » Dans ses Essais sceptiques, le philosophe britannique Bertrand Russell (1872-1970) montre que oui. Son scepticisme face aux « orgies de la déraison » de l’entre-deux-guerres (il écrit en 1928) est celui d’un « rationaliste impénitent » et pacifiste. La cible du logicien ? Les croyances irrationnelles qui déterminent nos actions et servent la morale des bien-pensants, dépeints en puritains frustrés, avides de nuire et complices du pouvoir. À leur « morale conventionnelle » qui fait du malheur d’autrui le moteur du bonheur, Russell oppose une éthique pragmatique et hédoniste : « Nous avons besoin d’une morale fondée sur l’amour de la vie, sur la joie de la croissance et des accomplissements positifs, et non sur l’interdiction et la répression. » À la fois théorie de l’action quotidienne, manifeste politique et autoportrait du philosophe en amoureux de la vie, ces dix-sept essais proposent, dans leur éloge paradoxal de la raison, le plus simple des programmes : si on l’adoptait, « notre Terre se transformerait en paradis »

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