Homo informatix

Une recension de Charles Perragin, publié le

« Je tiens pour impossible de connaître les parties sans connaître le tout, non plus de connaître le tout sans connaître les parties. » Luc de Brabandere a suivi le conseil de Blaise Pascal : mathématicien devenu informaticien avant de découvrir en philosophe les délices de la logique, l’auteur belge articule ces trois disciplines pour tenter une généalogie vulgarisée de la pensée « computationnelle ». Celle-ci est caractéristique d’une époque, d’une « approche systématique », qui a aussi bien engendré le structuralisme en philosophie que la théorie des jeux en économie. Mais elle est aussi le fruit d’un mariage singulier entre les mathématiques probabilistes et la logique formelle, dont la célébration débute avec un certain Thomas Bayes (1702-1761), pasteur et mathématicien britannique. Cette plongée dans l’histoire des « bissociations » – convergences contingentes d’univers de pensée distincts –, qui remonte aux syllogismes d’Aristote en passant par Descartes et Leibniz, éclaire l’Homo informatix que nous sommes en train de devenir. Il s’agit plus globalement pour l’auteur de faire une «critique de la raison automatique », qui culmine, dans une dernière partie plus politique, avec l’attaque virulente des noces funèbres de l’homme et de la machine consacrées par les transhumanistes.

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