La Philosophie antique. Essai d’histoire
Une recension de Frédéric Manzini, publié leLa philosophie ancienne, quoi de plus familier pour nous ? Ou plutôt : quoi de plus trompeur que de croire qu’elle nous est familière et que les civilisations grecque et romaine seraient semblables à notre modernité occidentale ? C’est fort de ce malentendu que Pierre Vesperini veut remettre les choses à leur place – en l’occurrence, replacer la philosophie dans son Antiquité et l’étudier dans son jus d’authentique et inquiétante étrangeté. Il élargit ainsi la perspective d’une méthode déjà éprouvée dans ses précédents ouvrages sur Marc Aurèle (Droiture et Mélancolie. Sur les écrits de Marc Aurèle, Verdier, 2016) et sur Lucrèce (Lucrèce. Archéologie d’un classique européen, Fayard, 2017).
« Nous voulons comprendre en ethnologue la philosophie antique », annonce-t-il dans son avant-propos, autrement dit considérer les Anciens comme « des Papous ou des Iroquois ». Qu’on ne s’attende donc pas à lire ici une histoire classique de la philosophie ancienne ou une histoire des idées, pas plus qu’un essai qui défendrait une thèse personnelle. Vesperini cherche plutôt à défaire certains préjugés académiques pour dessiller notre regard. Invitation au voyage ethnographique autant qu’au « voyage sentimental », son ouvrage nous plonge dans les contextes athénien puis romain qui ont donné naissance à ceux que nous croyons si bien connaître. Est-il, par exemple, si évident que Socrate ait été injustement condamné par un peuple athénien aussi stupide qu’ingrat ? N’est-il pas envisageable que de sincères démocrates se soient légitimement vengés du complice et de l’inspirateur putatif de la révolte des Trente Tyrans ? Sénèque était-il réellement ce martyr émacié de la sagesse qu’on présente souvent, ou bien un homme d’affaires richissime, satisfait de lui et contempteur de la culture, qui ne s’est tourné vers la philosophie qu’à la fin de son existence de bon gros bourgeois ?
On pourra s’étonner du refus de Vesperini de définir précisément la philosophie, lui pardonner un goût certain pour la polémique et discuter telle ou telle volonté de rétablir une vérité relevant toujours d’une interprétation plus ou moins consciente des faits. Le mérite de son livre est d’abord de nous permettre de repenser à nouveaux frais quelques-unes de nos certitudes et de nous aider, comme l’écrivait Pascal, à cesser de n’imaginer Platon et Aristote qu’avec de grandes « robes de pédants ».
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