La Rencontre. Une philosophie

Une recension de Catherine Portevin, publié le

Ce pourrait être un livre de circonstance, et, de fait, même écrit en grande partie avant le Covid, l’essai de Charles Pépin, chroniqueur bien connu de nos lecteurs, touche juste en explorant la puissance de ce qui nous manque : la rencontre. Comment la définir et la reconnaître ? Bien sûr, il y a le hasard, qui m’a placé là, ce jour-là ; bien sûr, il y a l’instant du trouble entre cette personne et moi. Ça peut arriver avec un inconnu ou en lisant un roman, c’est en tout cas toujours imprévu et imprévisible. Ainsi sont les rencontres – amoureuses, amicales, esthétiques, intellectuelles… Elles nourrissent (ou diminuent), elles orientent l’existence (en bien ou en mal), parfois, elles sauvent la vie. Mais pour qu’il y ait vraiment rencontre, insiste le philosophe, il faut que celle-ci me change. Il adopte une vision dialectique (inspirée de sa lecture de Hegel) : c’est en sortant de soi que l’on progresse dans la connaissance de soi ; j’existe par ce qui n’est pas moi et dont je suis volontairement dépendant. Charles Pépin contrecarre ainsi le modèle romantique de la fusion – celui des sites de rencontre fondés sur la similitude de critères. Car on ne peut provoquer la rencontre qu’à condition de ne pas l’attendre : par une qualité de disponibilité et d’attention dont Pépin fait une philosophie de l’action et de la vie.

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