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Ludmila Pagliero et Charles Pépin en 2018 © Audoin Desforges

Ludmila Pagliero, Charles Pépin. De la discipline à la liberté

Ludmila Pagliero, propos recueillis par Alexandre Lacroix publié le 25 avril 2018 12 min

La danse classique est l’un des domaines où la quête de perfection est la plus impitoyable, la plus extrême. Pourtant, au-delà de sa maîtrise, la danseuse en scène doit transmettre des émotions et rester humaine. Comment tenir cet équilibre ? Ludmila Pagliero, étoile de l’Opéra de Paris à la trajectoire atypique, et notre collaborateur Charles Pépin, qui publie ce mois-ci un essai sur “La Confiance en soi”, en ont parlé avec passion dans une loge de l’Opéra-Garnier.

Ludmila Pagliero : Je suis née à Buenos Aires et, dans ma famille, il n’y avait pas tellement d’intérêt pour la danse classique. Tout est parti d’un besoin physique, impérieux et inexplicable. Dès l’âge de 7 ans, j’ai demandé à ma mère – en la suppliant ! – de me permettre de faire quelque chose de mon corps. J’avais envie de bouger ! J’aurais pu tout aussi bien trouver un exutoire dans la gymnastique ou un sport. Je suis passée par un premier cours de danse classique et… j’ai trouvé ça rebutant et ennuyeux. La professeure n’avait pas les outils pour transmettre la danse aux enfants de manière ludique et sympathique. Je me suis donc réorientée vers le modern jazz, là j’ai ressenti énormément de joie.

 

Charles Pépin : Pour vous, la joie de danser est donc le point de départ ?

 

L. P. : Oui, tout est parti de là.

 

C. P. : C’est drôle, il y a un texte de Paul Valéry, « Philosophie de la danse » (1936), qui explique que l’envie de danser naît d’un besoin presque physiologique. Notre corps, à nous autres humains, a trop d’énergie. Nous avons, dit-il, « plus de vigueur, plus de souplesse, plus de possibilités articulaires et musculaires » que ce qui serait nécessaire à notre survie. J’aime bien cette idée que nous avons une énergie de vie excédentaire, que nous allons brûler dans l’ivresse, le sport et même dans l’art. Ce n’est peut-être pas seulement la danse, mais tous les processus de création qui partent de là… Cependant, est-ce le propre de l’homme seulement ? Lorsque je vois des danseurs et des danseuses, je sens en eux une grâce animale, un retour à une présence presque animale au monde.

 

L. P. : En tout cas, nous savons que la danse est un fait universel. Toutes les cultures, toutes les tribus étudiées par les ethnologues ont eu leurs danses, tantôt simples, tantôt plus codifiées. Il y a donc indéniablement un élan vital, instinctif qui nous conduit à ces gestes rythmés accompagnant la musique… Ce qui est passionnant dans la danse classique, c’est que ce besoin primaire est canalisé par un apprentissage impitoyable. Et pourtant, si loin qu’on aille dans la maîtrise technique, l’enjeu est de rester en mesure de se recentrer sur ses instincts.

 

C. P. : Je me suis beaucoup interrogé sur la confiance en soi pour un essai que je viens d’écrire, et j’avoue que je suis assez agacé par cette idée – trop répandue – que la confiance en soi reposerait ultimement sur la maîtrise technique ou encore sur la compétence. À mon avis, si vous sentez infuser en vous une confiance qui vous permet d’aller au-delà de vos limites, c’est que vous êtes en contact avec quelque chose de primaire, de l’ordre de l’instinct de vie, à quoi vous vous abandonnez plus que vous ne le maîtrisez…

 

« On travaille longtemps pour aménager en soi-même une ouverture par laquelle l’instinct et l’imprévu s’exprimeront »

Ludmila Pagliero

L. P. : Pourquoi nous, les danseurs, nous plions-nous à un travail aussi répétitif ? Pourquoi nous entraînons-nous inlassablement à effectuer les mêmes pas, les mêmes gestes ? C’est pour assimiler dans le corps ces mouvements et libérer la tension de notre cerveau. La danse est un art vivant. En réalité, la discipline, la répétition sont entièrement au service de la liberté. Quand vous avez incorporé de nombreux automatismes, vous pouvez vous détacher de la performance à accomplir, ne plus vous préoccuper de la difficulté de tel ou tel pas, mais concentrer toute votre attention et votre énergie sur l’élément créatif, l’imprévu, le geste qui suscitera une émotion chez le spectateur. On travaille longtemps pour aménager en soi-même une ouverture par laquelle l’instinct et l’imprévu s’exprimeront. C’est par là que le merveilleux arrive.

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