La Société des Belles Personnes

Une recension de Catherine Portevin, publié le

Tobie Nathan, chroniqueur à Philosophie magazine, est romancier dans le même mouvement qu’il est ethnopsychiatre : pour prendre soin des lignées et restaurer leurs histoires enfouies. Le personnage central de son dernier roman, Zohar Zohar, pourrait avoir l’âge de son propre père. L’histoire commence au cimetière de Pantin où l’on enterre Zohar Zohar. Son fils François, à moitié breton et devenu diplomate, l’a à peine connu. Le roman est l’enquête d’un fils sur son père, en forme de kaddish : « C’est à toi maintenant de chanter la prière des morts pour ton père », lui dit le vieux joueur de tabla. Où l’on suit Zohar Zohar, né dans la « ruelle aux Juifs » du Caire, pris dans les rets de la révolution des « Officiers libres » de Gamal Abdel Nasser contre le roi Farouk en 1952, qui aboutit à une nouvelle expulsion des Juifs d’Égypte. Entre la montée des Frères musulmans, d’anciens nazis infiltrés dans l’armée égyptienne, la chasse au Grand Mufti de Jérusalem, soutien déclaré de Hitler, veille une mystérieuse confrérie « des belles personnes ». Se mêlent des djinns, des noms qui fixent des destins, le goût du foul (purée de fèves) et des femmes qui connaissent mieux la vie que les hommes. C’est ainsi que l’ethnopsychiatrie peut devenir roman populaire.

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