Le Dernier stade de la soif
Une recension de Alexandre Lacroix, publié le« Écrire… mais ça n’intéresse personne. Ce qui intéresse dans un livre, c’est la marque d’une existence pathétique. » Cette sentence se trouve dans les Carnets du jeune Albert Camus. Et, en effet, il est possible que nous ne recherchions jamais dans les romans la fable ni le style, mais quelque chose dont nous avons un besoin beaucoup plus pressant et plus intime : oui, il est possible que nous lisions des romans uniquement pour sentir l’humanité des autres, pour toucher à la nudité de la condition humaine. Dans ce cas, Le Stade ultime de la soif de Frederick Exley recèle ce que l’écriture peut offrir de plus fort. « À ce livre colle la puanteur d’une vie réelle qui a pris le chemin d’un véritable désastre ; c’est pour cette raison qu’il s’agit d’un chef-d’œuvre », remarque fort justement Nick Hornby dans sa préface.
L’Américain Frederick Exley (1929-1992) a publié cet opus ambitieux en 1968. Or, s’il a fait du bruit à l’époque, ce roman vient tout juste de paraître en traduction française. On n’y trouvera ni la geste héroïque des cuites d’un Jack Kerouac, ni les hallucinations d’un Malcom Lowry, car le dernier stade de l’ivresse est bien plus proche du froid de la mort que de la chaleur de la vie. Pourtant, contrairement à ce que suggère le titre, le narrateur d’Exley n’est pas un homme que l’alcool a rendu fou, mais plutôt un fou qui a eu recours, à certaines périodes de sa vie, à l’alcool. Les traitements subis en hôpital psychiatrique – cure par choc insulinique doublée d’électrochocs – lui font traverser les états les plus extrêmes. Pourtant, ni ces supplices, ni le whisky absorbé en doses suicidaires, ni les humiliations les plus variées n’empêchent le héros, double d’Exley, de garder la tête hors de l’eau. Quoi qu’il lui arrive, il reste capable de le raconter avec un mélange de précision et d’humour. Et c’est précisément ce qui fait le mystère fascinant de ce texte : s’étant toujours vécu comme un écrivain, Exley a survécu à sa propre folie. Où l’on voit, pour prolonger la pensée de Camus, que la littérature peut aussi permettre à un homme d’échapper de justesse à la tragédie de son existence.
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