Le classique revisité

Kierkegaard et les stades de la vie

Martin Duru publié le 2 min

Une vie, trois possibilités. Plaçant l’existence concrète au cœur de sa pensée – c’est d’ailleurs lui qui forge l’adjectif « existentiel » –, Kierkegaard en conçoit trois « stades ».

Attention, l’expression ne doit pas être interprétée sous un angle chronologique : les stades ne sont pas des épisodes successifs, censés s’enchaîner dans un parcours linéaire. Ce ne sont pas les étapes nécessaires d’un itinéraire fixé d’avance. Les stades correspondent plutôt à des manières d’être et d’agir déterminées, à des modes d’existence bien différenciés. Chacun trace les contours d’un rapport spécifique à soi et au monde. Le passage d’un stade à un autre s’accomplit dans un « saut » qui transfigure entièrement l’existence – Kierkegaard, philosophe des ruptures, des cassures qui remodèlent nos vies.

 

Le stade esthétique

« Je veux jouir. Foin des bavardages » (« In vino veritas », Stades sur le chemin de la vie). Tel est le credo
de Johannes le Séducteur, personnage qui incarne le stade esthétique. Cette manière de vivre se place sous le signe des plaisirs et des possibles qui enivrent. « L’esthéticien » se plonge dans le tourbillon des sensations (aesthesis, en grec, signifie « sensation » ou « sensibilité »), évolue dans l’immédiateté d’instants jouissifs. Le séducteur, par exemple, multiplie les conquêtes, animé par sa « résolution au service du désir ». Mais le stade esthétique est une fuite en avant qui aboutit à une impasse : un sentiment de vaine répétition qui confine à la mélancolie. Même plus selon Kierkegaard : au désespoir, cette « maladie » essentielle qui ronge l’âme – une mort spirituelle et non physique.

Expresso : les parcours interactifs
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