Pascal Bruckner : “Kierkegaard s’est transformé en fiancé éternel”
Pascal Bruckner revendique sa filiation avec Kierkegaard. Pour lui, le penseur danois n’est ni un libertin ni un puritain, mais plutôt un ermite pour qui le seul prix de l’amour est de s’en éloigner, gagnant là une forme d’éternité.
« “Le Journal du séducteur” (1843) ne joue pas le rôle d’une alternative dans Ou bien… ou bien mais celui d’une succession temporelle. Kierkegaard ayant divisé l’existence en trois stades, esthétique, éthique, religieux, “Le Journal” incarne les débuts dans la vie, le premier cheminement de l’âme sur le chemin du salut. Mais Kierkegaard, père putatif de l’existentialisme, manifeste un formidable talent de l’escamotage et s’invente mille destins possibles pour ne s’enfermer en aucun. On le décrit comme un philosophe chrétien terrassé par l’angoisse du péché et quêtant une impossible rédemption auprès de Dieu. Toutefois, celui qui ne sera jamais ni pasteur ni prédicateur, et encore moins séducteur, ce rentier qui dilapide la fortune paternelle dans les bons vins et la bonne chère, ce dandy caustique et fantaisiste qui se dépeint dans son journal comme “frêle, fluet et faible” restera jusqu’à sa mort un éternel passager clandestin de la condition humaine. Prophète de l’abstention militante, il manifestera cette impuissance à exister autrement que dans le simulacre. Telle est la fonction des pseudonymes de son œuvre : non pas un facteur de démultiplication comme chez le poète portugais Fernando Pessoa un demi-siècle plus tard mais un facteur de dissimulation. Il peut se diversifier en autant de personnages à consonance latine parce qu’il n’est lui-même qu’un prête-nom. Ce goût du travestissement ne vient pas du désir de connaître plusieurs vies mais, à l’inverse, de n’en goûter aucune. Il doit rester dans l’univers du possible, expérimenter toutes les virtualités plutôt que se compromettre avec “le maigre monde prosaïque”. Ces hétéronymes animent une petite comédie humaine qui se décline dans des récits, des essais, de la poésie et donne à l’aventure des idées une consistance romanesque. Un concept, c’est un personnage en habits cognitifs.
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