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Elsa Zylberstein et Pasal Bruckner © Wikimedia Commons.

Elsa Zylberstein, Pascal Bruckner. Les experts

Elsa Zylberstein, propos recueillis par Patrick Williams publié le 28 août 2012 11 min

L’une est actrice, l’autre est un écrivain que la séduction et le magnétisme des êtres inspirent. Ce qui fait d’Elsa Zylberstein et de Pascal Bruckner deux très fins observateurs dea la beauté. Pour la première, celle-ci est une arme. Pour le second, c’est un scandale. Dans tous les cas, la beauté tranche.

Comment mieux parler de la beauté qu’en réunissant un philosophe romancier qui n’a cessé d’aborder la question du paraître et du désir, et une actrice qui, par son métier, joue de son apparence, fait l’expérience quotidienne du regard fasciné des autres ? Pascal Bruckner, dans son dernier essai Le Paradoxe amoureux (Grasset), fait l’éloge de l’éclatement contemporain des normes, de la pluralité des canons de beauté : « Ne rêvons pas d’en finir avec la tyrannie de la beauté, rêvons de son dérèglement, de la coexistence dans un même œil de plusieurs normes contradictoires… » Elsa Zylber-stein, comédienne exigeante, célébrée, au parcours éclectique, a joué, entre autres, la muse de Modigliani ou celle de Toulouse-Lautrec. Elle a incarné Hannah Arendt au théâtre, mais également prêté son visage à de grandes marques de luxe. Pour elle, la beauté est moins une affaire de transcendance que de mise en scène et de regard. Pour ce dialogue à bâtons rompus, libre et enjoué, il fallait un écrin digne de ce nom. Ce fut à l’hôtel Meurice de Paris, dans une suite à l’élégance d’un autre âge. Pour qui sait tendre l’oreille, on entendait derrière ces échanges comme l’écho de ces salons du XVIIIe siècle où hommes et femmes devisaient dans un joyeux badinage érudit. Beauté de la conversation, en somme…

 

Elsa Zylberstein : La beauté plastique ne m’attire pas particulièrement. Un très bel homme ne m’a jamais fait beaucoup d’effet. Au début d’une rencontre, quelqu’un peut sembler laid, puis, à force d’être regardé, devenir beau. C’est donc plutôt ce qui se dégage qui est important : tout ce qui émane de la personne, de ce qu’elle a vécu, de ses expériences… Un acteur comme Gérard Depardieu, par exemple, est au-delà du beau ou du laid. Il y a une forme de beauté qui échappe à la plastique.

 

Pascal Bruckner : Je suis d’accord avec vous, la beauté ne se résume pas à l’harmonie, laquelle risque toujours de paraître fade. La beauté, c’est ce qui brise l’ordinaire des jours, vous aimante, vous attire. Est-il beau ? On devrait plutôt demander : est-il singulier ? Il est légitime de parler de beauté seulement lorsqu’un visage tranche avec la moyenne. La beauté est une perturbation, qui vous arrache à votre rumination intérieure. Je ne sais pas comment vous vivez, en tant que comédienne, cette extravagante obligation d’être exceptionnelle…

 

E. Z. : Le métier de comédienne, évidemment, enseigne à travailler son apparence. En tournant pour le cinéma surtout, on apprend à connaître son visage, à recevoir la lumière, etc., de même que chaque femme s’entraîne tout au long de sa vie à bien manier l’habillement et le maquillage. Devoir faire sans cesse l’effort de se soigner, de paraître au mieux, cela laisse certainement des séquelles à la longue. Cependant, toutes ces considérations disparaissent quand je joue : dans ces moments-là, je ne pense jamais à être belle. Je ne me pose plus la question, quand je suis sur la scène ou devant une caméra. Je crois même qu’on s’enlaidit si l’on reste trop conscient de son image ! C’est un paradoxe.

 

P. B. : Zaza Gabor, je crois, a eu un jour ce mot : il n’y a plus de femmes laides, il n’est que des femmes paresseuses. Habillement, maquillage, discipline personnelle : il existe toute sorte de techniques pour perfectionner son image. Telle est d’ailleurs la grande promesse de nos sociétés démocratiques : nous ne sommes pas condamnés à l’état de nature. À partir du corps qui nous a été donné à la naissance, chacun a la possibilité de se recréer, d’aller plus loin, de faire toujours plus fort. Même les hommes répondent à cette injonction. Cela correspond à une volonté de puissance. « Si l’on veut, on peut ! » est la maxime démocratique par excellence. Selon moi, il y a en fait deux conceptions de la beauté qui s’affrontent ici : l’une, aristocratique, est foncièrement inégalitaire, qui définit la beauté comme l’élection d’un individu et d’un seul ; l’autre, démocratique, affirme que l’artifice et l’effort sur soi peuvent corriger les inégalités de départ. Selon les périodes, c’est l’une ou l’autre de ces conceptions qui domine. Dans les années 1970, la beauté devait être naturelle et non artificielle. Dans les années 1980, la sophistication, l’originalité, l’outrance l’ont emporté. Aujourd’hui, le goût de la beauté nature, « bio » si j’ose dire, est de retour. De toute évidence, ce qu’on gagne alors en authenticité, on le perd en égalité : sans le secours de la mode et de l’art, rares sont les êtres vraiment magnifiques… La préférence pour la beauté naturelle recrée une aristocratie de naissance au sein de nos sociétés.

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