Le poème continu : Somme anthologique 1961-2008
Une recension de Alexandre Lacroix, publié lePour entrer dans l’univers du poète portugais Herberto Helder, que nous ouvre enfin un recueil récapitulatif de la collection « Poésie Gallimard », il faut enjamber deux imbécillités. D’une part, celle du titre retenu pour l’ouvrage – Le Poème continu. Non seulement c’est plat, mais cela suggère une proximité avec les Poésies ininterrompues de Paul Eluard, suites poétiques nées d’un seul souffle, à la manière d’une improvisation de jazz. Or, le recueil de Helder est une somme, une anthologie, la quintessence de cinquante ans de création vagabonde et saccadée. Ensuite, il faut sauter la préface, accumulation de considérations stylistiques dans le plus pur style universitaire français, ahurissantes de technicité stérile, pour arriver directement au magnifique « Poèmacte ». Et là, qu’est-ce qu’on découvre ? Un homme, rien de moins. Une sensibilité humaine au sens le plus élevé et le plus créatif du mot. Ceux qui ont lu Les Pas en rond (Arléa), récits en prose du même auteur, savent déjà que Helder a exercé tous les métiers, qu’il a travaillé de ses mains et de sa tête, exploré les milieux de la prostitution et de la nuit, connu l’exil politique sous Salazar. Qu’il a dormi dans les toilettes palières des immeubles haussmanniens et que, trois quarts clochard, il a subi jusqu’à l’absurde le malheur cardinal, au sens de Pascal, celui de se trouver infiniment au repos dans une chambre. De ces épreuves multiples, Helder n’a pas ramené un grand récit moralisateur, ni aucune passion triste, mais des vers courts taillés dans le diamant de la détresse. Comme quoi, la poésie comme genre littéraire n’est jamais affaire de connaissance, mais d’expérience. « Je traverse l’amour, respirant. » « C’est dans les barques qu’on traverse le monde. » « Je m’appuie à l’âpreté commune. » Et encore ? « Il y a une combustion dans les parties sexuelles de ma mort. » Tour de force, l’un de ses poèmes chante la puissance printanière des menstrues sans la moindre vulgarité. Les mots, chez lui, sont rares et parés de la perfection des sensations vraies. Car Helder semble être descendu au-delà de la douleur, « là où l’on meurt du silence central de la terre ». Un grand homme, s’il en fut.
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